Au Rwanda, hier, en Côte-d'Ivoire, aujourd'hui : L'armée française complice des assassins18/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1794.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Au Rwanda, hier, en Côte-d'Ivoire, aujourd'hui : L'armée française complice des assassins

Les troupes françaises venues en renfort du régime de Laurent Gbagbo viennent d'arriver à Abidjan. Au total, les effectifs de l'armée française sur place devraient atteindre 2 500 hommes dans les prochains jours. Ces soldats doivent être déployés dans les zones de combats dans l'ouest du pays, sur la ligne de cessez-le-feu, et à Abidjan, la capitale. Aujourd'hui, le gouvernement français ne s'embarrasse plus guère de justifications humanitaires : il intervient ouvertement en Côte-d'Ivoire pour sauver la mise à un régime dictatorial, raciste et xénophobe. Cependant, face à l'approfondissement de la guerre civile, nombreux sont ceux qui pensent en Côte-d'Ivoire que cette intervention militaire française pourrait empêcher le pays de sombrer dans le chaos et éviter les massacres interethniques dont tout le monde redoute l'extension.

Ici, les médias français laissent croire que l'armée française serait garante de la stabilité politique en Côte-d'Ivoire, de la sécurité des ressortissants étrangers et empêcherait les choses de tourner aux massacres inter-ethniques, comme malheureusement cela a été le cas dans certains pays africains. A chaque fois que l'impérialisme français est intervenu pour des raisons politiques et économiques dans son pré carré africain, il a toujours justifié, dans un premier temps, son déploiement guerrier par des arguments " humanitaires ". Justifications dont il se débarrassait d'ailleurs très vite, une fois l'idée de l'intervention militaire acceptée par l'opinion. Et à chaque fois il a apporté son soutien aux dictatures en place, pour mieux défendre ses intérêts politiques et économiques.

En matière de soutien aux régimes les plus réactionnaires et les plus sanglants, l'armée française a une longue tradition : l'intervention au Tchad, celle de Kolwezi, au Zaïre, en mai 1978, pour sauver Mobutu. Et en 1994, il faut se souvenir qu'au Rwanda c'est l'impérialisme français qui a armé le bras des assassins. Les massacres : le génocide commis au Rwanda, qui a fait plus de huit cent mille morts, a été orchestré avec la complicité active de l'État français dont le président était à l'époque Mitterrand. Et puis, quand le régime génocidaire hutu a été au bord de la défaite face à l'avance des armées tutsies du FPR, le Front patriotique rwandais, la France s'est dépêchée d'organiser une prétendue opération " humanitaire ", baptisée Turquoise, pour permettre le repli aux forces du régime hutu en déroute. Et c'est à partir de l'enclave française que les responsables du génocide ont continué à appeler à la poursuite des massacres...

Aujourd'hui, en Côte-d'Ivoire, depuis le début de la guerre civile, l'armée française soutient un régime raciste et xénophobe, responsable des massacres contre les masses populaires pauvres ivoiriennes et immigrés. En stoppant l'avance des armées rebelles sur Abdijan, l'armée française a cependant laissé les mains libres aux forces armées gouvernementales pour violer les accords de cessez-le-feu et faire des incursions en territoire rebelle ; mais aussi à la gendarmerie, aux escadrons de la mort, aux milices du FPI, le Front populaire ivoirien, le parti au pouvoir de Gbagbo, pour semer la terreur dans les quartiers pauvres de la capitale, en incendiant les bidonvilles, en pourchassant les travailleurs immigrés, en assassinant impunément les opposants ou tous ceux qui refusaient d'être rackettés par l'armée.

C'est encore l'armée française qui a récemment ouvert la route à l'armée ivoirienne pour reconquérir la ville de Daloa, la capitale du cacao, aux mains des rebelles. La reconquête s'est faite dans le sang. Un charnier de plus de cent cadavres d'immigrés burkinabé et diola massacrés par les forces armées ivoiriennes a été découvert. Même chose à Monoko-Zohi, un village situé à la lisière de la région du cacao, où un récent charnier de cent vingt personnes d'origine burkinabé, maliennes ou nigériennes, massacrées par l'armée ivoirienne après la reprise de la ville, vient d'être mis à jour. A chaque fois les troupes françaises, présentes sur les lieux, ont laissé faire et n'ont rien fait, sinon saisir l'ONU pour " diligenter " une enquête... sur les massacres en Côte-d'Ivoire !

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