Roms : Des expulsions disqualifiées par la justice11/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1793.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Roms : Des expulsions disqualifiées par la justice

Mardi 3 décembre Vitry, ville ouvrière de la banlieue parisienne située dans le département du Val-de-Marne, a connu une mobilisation exceptionnelle des forces de police sous l'autorité du préfet. La presse avait été conviée au spectacle. Il ne s'agissait pourtant pas de s'attaquer au grand banditisme, les centaines de policiers réquisitionnés ayant comme mission de s'en prendre à 56 malheureux Roms, parias parmi les parias, Tsiganes venus de Roumanie, qui s'étaient réfugiés dans un squat.

Les représentants du gouvernement n'avaient donc pas de tâche plus urgente que de renvoyer en Roumanie ces exilés de la misère et de la discrimination ? Et ils ont considéré que la justice devait être à leur botte et s'adapter aux opérations spectacles du gouvernement, destinées à plaire à l'électorat le plus réactionnaire, et en particulier à celui de Le Pen. Aussi, sans même se soucier de respecter les procédures légales existantes, le préfet a exigé du tribunal de grande instance de Créteil et du juge des libertés qu'ils se soumettent à son injonction de prolonger la rétention administrative des 56 intéressés, le temps nécessaire pour procéder à leur expulsion.

Mais le tribunal de Créteil n'a pas cédé à ces injonctions et a ordonné la remise en liberté immédiate des 56 Roms, rappelant que même la police était tenue de respecter la loi, en principe " égale pour tous ". Vexé, Sarkozy a stigmatisé cette décision des juges de Créteil, déclarant qu'elle " complique notre tâche ". " Ce qui est en cause, a-t-il ajouté, c'est, oui ou non la France a-t-elle le droit de décider de qui doit rester sur son territoire ? "

Le préfet a fait appel de la décision du tribunal pensant que la cour d'appel de Paris allait s'empresser de justifier son action et celle du ministre de l'Intérieur. Mais, nouvelle déconvenue pour le gouvernement, cette dernière a confirmé pour l'essentiel les décisions du tribunal de Créteil. Et cette fois le ministre a jugé plus prudent de se taire, même si les lois et la justice compliquent sa vie de premier flic de France.

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