Non à la guerre contre les pauvres !11/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1793.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Non à la guerre contre les pauvres !

Sarkozy mène sa guerre contre les immigrés. Lundi 2 décembre, il signait avec son complice britannique la fermeture du centre de Sangatte, prévue à la fin du mois. Le lendemain, il envoyait 450 gendarmes à Choisy pour évacuer trois camps de Roms originaires de Roumanie. La semaine précédente, 400 Roms d'un bidonville de Vaux-en-Velin étaient eux aussi condamnés à l'expulsion. Un peu avant, c'était 39 Bulgares à Bordeaux, 32 Kurdes irakiens à Cherbourg...

Passant des coups de mentons autoritaires à un ton de compassion hypocrite, le premier flic de France a justifié sa politique en parlant d' " humanité ", laissant entendre qu'en fermant des nids de misère, il agirait pour le plus grand bien des expulsés. Pas dans leur plus grand respect en tout cas ! Les procédures d'expulsion des Roms de Choisy ont été tellement bâclées que des avocats en ont fait annuler la plupart. Quant à Sangatte, le rôle louche qu'aurait joué la police dans l'incendie d'un gîte, en pleine discussion sur la fermeture du centre, est de plus en plus mis en question par certains journalistes.

Bien sûr, les conditions de vie dans les bidonvilles sont inhumaines. Les Roms qui arrivent en France fuient une misère qui, en Roumanie, s'est encore aggravée depuis quelques années. Mais ils ne trouvent pour vivre ici que des décharges, où eux et leurs enfants sont exposés à des maladies comme la tuberculose ou le saturnisme. Les propriétaires des terrains (État, municipalité ou Offices HLM) n'hésitent pas à leur couper l'accès à l'eau et l'électricité, en plein hiver, pour les forcer à partir.

Quant à Sangatte, ceux qui y parviennent sont dans des situations plus précaires encore, plus isolés, survivants de voyages plus meurtriers. Les clandestins sont traités comme du bétail par des mafias de passeurs qui s'engraissent sur leur misère. Ils sont prêts à risquer leur vie pour parvenir en Angleterre ou ailleurs, où ils devront travailler dans les pires conditions pendant des années pour rembourser le prix de leur voyage. Venant notamment de pays comme l'Afghanistan ou l'Irak, ce n'est pas seulement la misère qu'ils fuient, mais aussi la guerre ou les persécutions policières, le chaos dans lequel la France de Sarkozy, celle des militaires et des capitalistes, a une si grande responsabilité.

Et ce sont de nouvelles matraques que les réfugiés trouvent ici. Le gouvernement parle d'humanité, mais en quoi la répression policière combat-elle leur misère ? En quoi les dissuade-t-elle de venir ? Depuis la fermeture de Sangatte, des dizaines de personnes se réfugient dans les bunkers des plages de la région, attendant de trouver enfin une occasion de passer.

L'immigration clandestine n'est qu'un peu de la barbarie du monde capitaliste qui revient à la figure des pays les plus riches. Pourchasser les victimes comme le fait le gouvernement actuel ou les précédents, même en prétendant que c'est pour leur bien, c'est une hypocrisie qui ne vise qu'à flatter les pires préjugés. Quand on est à la tête d'un gouvernement qui aide les patrons à exploiter et à licencier, qui détruit les services publics, qui gère le développement de la misère ici même, c'est pratique d'encourager l'idée que les responsables de la vie dure sont les plus exploités des exploités, notamment les immigrés. C'est exactement le discours de l'extrême droite. C'est celui du gouvernement Chirac, qu'on nous avait présenté comme un rempart contre Le Pen il y a quelques mois seulement ! Et c'est un filon qu'exploitent même un certain nombre de responsables de gauche admiratifs des méthodes Sarkozy, depuis le maire PCF de Calais (" un travail de professionnels " selon lui) jusqu'à l'ancien ministre socialiste Jack Lang (qui soupire " Si on avait fait 10 % de cela... ").

Applaudir à cette chasse aux immigrés, c'est applaudir un bout de sa propre exploitation. Nos ennemis, ce ne sont pas les victimes de Sarkozy, mais ses patrons.

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