Les rémunérations scandaleuses des patrons11/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1793.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les rémunérations scandaleuses des patrons

Les patrons des sociétés du CAC 40 (40 sociétés choisies pour mesurer l'évolution des cours boursiers) ont gagné, en moyenne, 7,5 millions d'euros en 2001 : un salaire moyen annuel de 2,123 millions d'euros et des stock-options d'une valeur de 5,373 millions d'euros, indique l'étude annuelle du cabinet de conseil, Proxinvest.

La rémunération de ces grands patrons poursuit une hausse sans fin. En 2000, elle représentait 498 fois le Smic. En 2001, elle atteint 554 Smic en moyenne. Cette variation est devenue plus grande qu'aux États-Unis.

" Alors que le contexte économique se dégrade, que le chômage ne se réduit pas en Europe, que les finances publiques ne connaissent que le déficit et que les courbes des indices boursiers plongent, les dirigeants peuvent-ils raisonnablement justifier d'une hausse permanente de leurs émoluments ? " s'interroge naïvement cette étude.

Evidemment, les mieux servis sont les plus grands licencieurs. En tête du classement, Jean-Marie Messier (Vivendi Universal) 36,26 millions d'euros, dont 31,01 millions de stock-options et qui a, à son actif, l'effondrement boursier de son groupe, et maintenant la suppression programmée de milliers d'emplois.

Derrière, on trouve le PDG de L'Oreal, Lindsay Owen-Jones (21,26 millions d'euros, dont 15,71 millions de stock-options) ; Jürgen Dormann (Aventis) : 17,22 millions d'euros dont 14,87 millions de stock-options ; Bernard Arnault (LVMH) : 15,38 millions d'euros, dont 12,78 millions de stock-options, et Jean-Luc Lagardère (Lagardère Groupe) : 14,72 millions d'euros, sans stock-options.

A eux cinq, ces patrons ont officiellement gagné en 2001 autant que 7 700 smicards. Mais ils ont annoncé tout récemment la suppression des emplois de 150 salariés (sur 300) du siège de Vivendi, de 685 salariés d'Aventis à Romainville et Vitry, de 500 travailleurs de Matra à Romorantin.

Les sacrifices, c'est bon pour les autres.

Et derrière ces PDG grassement payés, il y a les grandes familles de propriétaires et d'actionnaires comme les Bettencourt, les Peugeot, qui n'ont aucune autre activité sociale que d'encaisser la plus-value.

Sarkozy, à la télévision, promettait de faire intervenir les brigades financières aux côtés des policiers pour arrêter ceux qui vivent de l'exploitation de la misère. Mais de qui parlait-il ? Des grands patrons comme Messier, qui mettent en faillite leur société, suppriment des milliers d'emplois en encaissant des milliards ? Non, le ministre de l'Intérieur prétend pourchasser " les gens qui ont de belles voitures alors qu'ils ne touchent que le RMI ", quelques trafiquants sans doute condamnables.

Mais du côté de Neuilly, Auteuil, Passy, où logent ces PDG, milliardaires (et Nicolas Sarkozy), on doit bien en rigoler.

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