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- Lutte ouvrière n°1793
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Editorial
France Télécom, Éducation Nationale : Nous sommes tous concernés !
L'annonce par le PDG de France Télécom de son plan dit de sauvetage de l'entreprise et la manifestation du personnel de l'Éducation nationale illustrent les méthodes dévastatrices du gouvernement Raffarin-Chirac à l'égard des salariés, mais aussi à l'égard de la population laborieuse qui en subira les effets en tant qu'usagers.
On évoque la nécessité d'un " sauvetage " en catastrophe de France Télécom, mais on se garde de rappeler que, si cette entreprise s'est retrouvée financièrement au bord du gouffre, c'est uniquement parce qu'elle s'était lancée dans des opérations boursières aventureuses. Ce n'est donc pas, comme on voudrait nous le faire avaler, parce que cette entreprise serait une entreprise d'État. Et moins encore parce qu'elle assure un service public, permettant à chacun de disposer du téléphone, quel que soit son lieu d'habitation et dans des conditions égales pour tous. Et la privatisation de France Télécom amorcée par Juppé, concrétisée dans la foulée par Jospin, loin de freiner la dérive spéculative, l'a accélérée.
Le remède Raffarin consiste à accélérer cette privatisation, donc à soumettre cette entreprise encore plus aux caprices de la Bourse. Pas pour obtenir un service plus utile et plus efficace pour tous, bien au contraire. Les gros actionnaires visent uniquement à obtenir des profits les plus juteux possible, au plus vite. Ils choisissent donc de privilégier ce qui rapporte vite et gros et de sacrifier le reste.
Les premiers atteints seront les salariés de France Télécom, pour qui ce prétendu " sauvetage " va se traduire par l'engloutissement de milliers d'emplois. Et pour ceux qui conserveront leur emploi, cela se traduira par l'aggravation de leurs conditions de travail et un emploi précarisé.
En réalité, l'avenir des salariés de France Télécom est comparable à celui de l'ensemble des salariés, qu'ils travaillent dans le public ou dans le privé. C'est pourquoi nous sommes concernés par ce qui leur arrive. Et c'est pourquoi agir à leur côté, c'est aussi défendre notre sort. A l'inverse, laisser les mains libres au gouvernement, c'est l'encourager à continuer ses mauvais coups.
Concernés, nous le serons aussi, mais d'une autre façon, en tant qu'usagers. On annonce déjà une nouvelle augmentation de l'abonnement pour les téléphones fixes. Nous sommes aussi concernés en tant que contribuables puisque France Télécom continuera à bénéficier de la générosité de l'État. Le gouvernement a en effet annoncé qu'il allait généreusement mettre la main à la poche pour combler les dettes fantastiques du groupe, dont ni les usagers ni les travailleurs ne sont responsables.
Le gouvernement ne fait pas preuve de la même générosité lorsqu'il s'agit d'un service pourtant essentiel, celui de l'éducation. Il sait trouver des milliards pour permettre d'introduire France Télécom en Bourse, mais il réduit le budget de l'Éducation nationale. Il accorde une rallonge au budget militaire qui servira à équiper une armée qui, la plupart du temps, ne sert à rien, et quand malheureusement elle sert, c'est pour semer la mort et les destructions contre les peuples. C'est contre ce scandale et cette aberration que les enseignants et le personnel de l'Éducation nationale ont manifesté. Et leurs exigences concernent toute la population. En premier lieu, les milieux populaires, pour qui la possibilité d'accès à l'éducation de leurs enfants, dès le plus jeune âge, est une impérieuse priorité, nécessaire à leur intégration et à une insertion sociale qui n'en reste pas à des discours.
L'une des premières mesures prises par le gouvernement est la suppression de 5 600 postes de surveillants et de 20 000 postes d'aides-éducateurs. Drôle de manière de lutter contre l'insécurité et l'incivilité dont Sarkozy parle en long et en large sans que les mesures qu'il décrète n'améliorent la situation.
La politique du gouvernement consiste à économiser sur les services destinés à l'amélioration de la vie collective, pour pouvoir distribuer des milliards à quelques industriels et financiers qui enrichissent une poignée de gros actionnaires. C'est l'inverse qu'il faudra imposer !