Droite : La guerre des chefs11/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1793.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Droite : La guerre des chefs

Une " gifle ", un " KO " pour l'UMP (le nouveau parti présidentiel créé à la mi-novembre) et son chef Juppé... Les titres des journaux ne varient guère pour qualifier le résultat de la bataille interne à la droite à laquelle a donné lieu une législative partielle dans une circonscription des Yvelines acquise à la majorité. Le candidat UMP y a en effet mordu la poussière face à son concurrent, l'ex-président de la RATP puis d'Air France, Christian Blanc, un " centriste-rocardien " soutenu par l'UDF et tout ce que la droite compte de gens rétifs à s'aligner derrière la bannière de Juppé.

On a là un nouvel épisode de la guerre des chefs qui fait rage autour de l'UMP, Juppé, Sarkozy, Raffarin et quelques autres ayant multiplié, ces dernières semaines, les petites phrases assassines et autres croche-pied à l'adresse de leurs " amis " de parti. Pourtant, bien des commentateurs avaient présenté son lancement comme celui d'un grand parti unifiant la droite à la façon de ce qui existe en Angleterre ou en Allemagne. L'idée d'un tel parti n'est certes pas nouvelle. Mais le jeu des rivalités et ambitions de personnes y faisait obstacle depuis le temps où de Gaulle avait tenté d'unir la droite autour de sa personne.

Le discrédit dans les classes populaires du gouvernement Jospin ayant permis la réélection de Chirac, et, entre les deux tours, le ralliement de la gauche au président de droite sortant lui ayant offert un plébiscite, Chirac a pu se croire assez renforcé pour tenter de rassembler les composantes de la droite et du centre en un parti unique qui le soutienne, avec comme argument décisif que le label présidentiel UMP garantirait l'élection de qui le porte.

Que l'UMP soit un panier de crabes est une évidence. Les leaders de la majorité luttent les uns contre les autres pour écarter leurs rivaux de sa direction car ils y voient une machine pouvant permettre de gagner la présidentielle de 2007 à qui aurait l'investiture de la " droite unie ". D'autres à droite, tel Bayrou dont les élus ont déserté l'UDF en succombant aux charmes d'un parti présidentiel qui promet places et avantages, misent sur l'échec de l'UMP du fait de ses rivalités internes. Et elles n'ont pas attendu 2007 pour éclater au grand jour dans ce parti qui, à peine né, a déjà pris un sérieux coup de vieux.

La candidate UDF qui l'avait emporté, en juin, dans la 3ème circonscription des Yvelines venant d'être nommée à la direction de la RATP, il fallait élire un nouveau député. En présentant un candidat pour lui succéder, Juppé voulait conforter sa place de chef de la majorité en faisant la preuve de l'efficacité de l'investiture UMP. Las, Bayrou et de Robien, le seul membre UDF du gouvernement, préféraient Christian Blanc. Juppé eut beau dire " inacceptable " qu'un ministre soutienne un candidat non estampillé UMP, on connaît la suite : Blanc a devancé son rival UMP et reste seul en lice pour un second tour sans surprise.

Soutenant Juppé comme la corde le pendu, Sarkozy avait déclaré que " la France entière va regarder cette élection " où, espérait-il, Juppé se casserait les dents. Tout aussi bon camarade, Raffarin fait dire par ses ministres qu'il faut " tenir compte des avertissements " des électeurs, histoire d'enfoncer le clou, et Juppé avec.

Voir les politiciens de droite se déchirer avec autant d'entrain que ceux de gauche, et pour les mêmes raisons d'ambitions personnelles et de petits calculs inavouables, cela pourrait faire sourire si l'on ne se souvenait que, pendant ce temps, tout ce petit monde des gens au pouvoir est au moins d'accord sur une chose : continuer et amplifier la politique de ses prédécesseurs de gauche contre les classes laborieuses.

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