Droit de vote des étrangers : À droite comme à gauche, on en parle... mais c'est tout !11/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1793.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Droit de vote des étrangers : À droite comme à gauche, on en parle... mais c'est tout !

Une opération symbolique appelant la population à se prononcer pour ou contre le droit de vote des étrangers aux élections locales, a été organisée dans soixante-dix villes et deux cents bureaux de vote, les 6, 7 et 8 décembre. A l'origine de cette démarche il y a des associations favorables au droit de vote des étrangers. Cette initiative a reçu le soutien de diverses organisations et partis dont le Parti Socialiste. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, ainsi que d'autres maires de gauche ont pour l'occasion prêté des locaux et des urnes électorales.

Cette opération se voulait une manifestation en faveur du droit de vote des étrangers aux élections locales, et en même temps une réponse " citoyenne " à l'attitude de la majorité de droite qui venait de rejeter une proposition de loi du Parti Socialiste relative à cette question. Raffarin a en effet expliqué qu'il ne fallait pas " ouvrir la porte du droit de vote aux étrangers pour refermer celle de l'accès à la nationalité ". Comme si le fait d'avoir le droit de voter pour un étranger empêchait celui-ci d'acquérir la nationalité française !

Les députés de droite et le gouvernement ne se sont pas privés de rappeler que la gauche n'avait rien fait dans ce domaine lorsqu'elle était au pouvoir. C'est de bonne guerre. Le droit de vote des étrangers aux élections locales était en 1981 (déjà !) l'une des 110 propositions du candidat Mitterrand à l'élection présidentielle. En quinze ans de pouvoir, la gauche gouvernementale s'est refusée à faire entrer ce droit dans la législation, tout en prétendant militer en même temps pour le faire entrer dans les mentalités si nécessaire. Mais la droite, qui ironise aujourd'hui, n'a rien fait de plus.

En réalité, les hommes de droite comme ceux de gauche ne se soucient pas d'accorder le droit de vote aux étrangers, même limité aux élections locales. Ils agitent seulement cette question de temps à autre, à des fins politiciennes. La participation du PS à cette opération symbolique, par députés et maires interposés, n'avait pas d'autre objectif que de redorer son image alors que, en mai 2000, le Premier ministre Jospin avait bloqué une proposition de loi similaire émanant des Verts en refusant de la soumettre au Sénat. A l'époque, les notables socialistes n'avaient rien trouvé à redire sur cette dérobade ! Les Verts et le Parti Communiste fustigent aujourd'hui l'inaction passée du PS lorsqu'il était au gouvernement. Mais ils oublient qu'ils ne s'en étaient jamais désolidarisés, préférant avaler couleuvre sur couleuvre, de 1997 à 2002.

Les étrangers d'origine non européenne devraient avoir le droit de participer non seulement aux élections locales (ceux de l'Union européenne l'ayant obtenu depuis 1992) mais aussi à toutes les autres consultations régionales et nationales. Il n'est pas normal que des millions d'hommes et de femmes, qui travaillent en France, y payent leurs impôts, soient écartés de la possibilité de donner leur avis, comme d'autres, à l'occasion de toutes les consultations électorales.

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