Vaulx-en-Velin (Rhône) : Les familles du bidonville menacées d'expulsion05/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1792.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Vaulx-en-Velin (Rhône) : Les familles du bidonville menacées d'expulsion

La situation des 400 Roms originaires de Roumanie, Yougoslavie et Bulgarie qui composent le bidonville de Vaulx-en-Velin, en banlieue de Lyon, ne cesse de se dégrader. Le terrain vague sur lequel ils se sont installés (certains depuis sept mois), et qui continue de servir de décharge pour certaines entreprises, s'est transformé avec les pluies abondantes en un vaste marécage boueux. Les familles ont fait le maximum pour surélever leurs baraquements à l'aide de parpaings, mais cela n'empêche pas les infiltrations de l'eau et encore moins du froid.

La communauté urbaine de Lyon, présidée par le maire de Lyon Gérard Collomb (PS), est copropriétaire du terrain avec Pathé Cinéma et c'est à ce titre qu'ils ont déposé une demande d'expulsion que, fin octobre, ils ont ensuite repoussée en demandant à l'État de trouver des solutions de relogement. Le préfet a répondu qu'il ne procéderait au relogement que lorsque la justice aurait ordonné l'expulsion. En attendant, rien n'a été fait pour améliorer les conditions de vie des familles, puisque la communauté urbaine a refusé d'installer des sanitaires et d'organiser l'enlèvement des ordures.

C'est donc dans un contexte de grande fatigue et de tensions pour toutes les familles que le tribunal de grande instance a rendu sa décision d'expulsion jeudi 28 novembre. Les familles ont deux mois pour quitter le bidonville. Ce délai est prétendument destiné à permettre le relogement. Mais Jean-Jacques Queyranne, vice-président de la communauté urbaine, demande à l'État de s'en occuper, pendant que le préfet fait traîner les choses. Chacun se renvoie la balle, mais les uns et les autres semblent bien vouloir tout faire pour rendre la situation invivable aux habitants du bidonville.

En plus de leur misère effroyable, les réfugiés sont régulièrement l'objet des provocations et des humiliations de la police. Le lendemain du jugement, des policiers accompagnés de CRS ont fait irruption dans le bidonville, semant la panique parmi les familles. En fait ils n'étaient là que pour recenser une fois de plus les noms des habitants. Mais les policiers qui devaient être " au contact " des familles portaient des masques et des gants sanitaires, comme s'ils étaient dans un camp de pestiférés !

La police vient régulièrement effectuer des contrôles de toute sorte. Elle a même contrôlé que les quelques voitures qui étaient là étaient bien assurées. C'est aussi elle qui a coupé à plusieurs reprises l'eau et l'électricité. Un habitant du bidonville doit d'ailleurs comparaître au tribunal au mois... de mai pour vol d'électricité. Ce qui est d'autant plus dérisoire qu'il ne sait pas où il sera à cette date. Toutes ces provocations, amendes et humiliations ajoutent encore plus d'inhumanité à la situation des habitants. Le but semble être de les pousser dehors.

La décision d'expulsion est d'autant plus révoltante qu'il y a dans l'agglomération lyonnaise des logements vides, et en nombre suffisant pour mettre à l'abri les familles qui demandent à se sédentariser. Comme il y en a en nombre suffisant pour loger toutes les personnes démunies, frappées par le chômage et l'exclusion, qui se retrouvent aujourd'hui sans domicile fixe. Et il y a aussi de l'argent pour venir en aide aux familles qui veulent reprendre la route.

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