Stocamine (Wittelsheim, Haut-Rhin) : La direction tente de reporter son préjudice sur les mineurs05/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1792.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Stocamine (Wittelsheim, Haut-Rhin) : La direction tente de reporter son préjudice sur les mineurs

L'incendie des galeries souterraines du centre de stockage de déchets industriels Stocamine à Wittelsheim dans le Haut-Rhin, commencé le 10 septembre, continue encore aujourd'hui et on ne sait toujours pas ce qui brûle. L'aérage des galeries des mines de potasse étant en liaison avec celles du site de stockage, les mineurs ont refusé de continuer à travailler au contact des fumées qui se sont révélées cancérigènes. De ce fait ils ont été mis en congés et sont payés intégralement jusqu'à ce jour.

Mais la direction a ouvert des négociations lors desquelles elle a annoncé qu'elle ne continuerait à payer les mineurs qu'à 80 % de leur salaire. Les syndicats, sauf FO, étaient prêts à discuter cette proposition, moyennant une révision à 90 % au lieu de 80 %. C'était sans compter avec les mineurs, pour qui il est hors de question de subir un préjudice, ni sur les salaires, ni sur l'emploi, ni sur la santé.

Du coup, lors de l'assemblée générale du lundi 18 novembre, qui a réuni 500 mineurs comme chaque semaine depuis le début de l'incendie, 200 parmi eux ont décidé d'accompagner les syndicats au Comité d'entreprise qui avait lieu ce jour-là, pour dire qu'ils voulaient 100 %, un point c'est tout.

La direction, elle, a annoncé qu'elle suspendait les négociations sur ordre du ministère de l'Industrie et des Finances, dont dépendent les MDPA, entreprise publique. Elle annulait donc la réunion de négociation prévue le vendredi 22 novembre et donnait une date butoir, le 6 décembre, et un ultimatum : si les syndicats de mineurs n'avaient pas signé à cette date la dernière proposition qu'elle faisait à 85 %, les mineurs ne seraient plus payés qu'à 75 % de leur salaire, comme en chômage technique, et non à 100 % comme ils le sont aujourd'hui.

Les syndicats maintinrent alors le mot d'ordre de manifestation, mais avec cette fois comme but la sous-préfecture voisine de Thann, et comme objectif de ne subir aucun préjudice financier. Ils ne sont pour rien dans l'accident et n'ont pas à en faire les frais, alors que les responsables des MDPA, de Stocamine ou des pouvoirs publics, qui ont toutes les responsabilités dans cette affaire, ne sont aucunement inquiétés dans leur santé, leur salaire ou leur emploi.

Quatre cents mineurs ont donc fait ce jour-là, le 22 novembre, une opération " escargot " sur les routes autour de la sous-préfecture. Et le vendredi 29 novembre 300 mineurs, à l'appel des syndicats, envahissaient la CLIS, un organisme public censé surveiller Stocamine et où siègent les autorités locales, les directions des MDPA et de Stocamine ainsi que les écologistes. Le sous-préfet y annonçait que les experts garantissaient que les mesures de toxicité de l'air prises (on ne sait où) étaient inférieures au seuil de dangerosité. Il se fit traiter de menteur et de tous les noms d'oiseaux. Les mineurs argumentaient qu'on leur avait déjà fait le coup du " aucun risque ", " aucun danger ", mais que les produits garantis ininflammables brûlaient, que le feu n'était paraît-il au départ qu'un feu de palettes et qu'on les a envoyés au contact des fumées sans aucune protection, parce qu'il n'y avait déjà à l'époque aucun danger. Et s'il n'y avait pas de danger, pourquoi la direction des mines refusait-elle au CHS de l'entreprise la nomination d'experts choisis par les syndicats ?

Dans la foulée, peu après, les mineurs envahissaient le Conseil de surveillance des mines où étaient représentés le ministère de l'Industrie, l'EMC (maison mère des MDPA) la direction des MDPA, et quelques notables locaux. Là, ils purent leur dire encore leurs quatre vérités et maintenir leurs revendications : aucun préjudice financier, un suivi de santé pour les mineurs mis au contact des fumées, la vérité sur ce qui brûle, et un emploi garanti pour tous ceux qui sont trop jeunes pour bénéficier de la mise en préretraite.

Les membres du Conseil de surveillance disant qu'ils ne pouvaient pas s'engager pour l'État, ils durent rester jusqu'à ce qu'ils signent tous, pour pouvoir quitter la salle, la levée de la date butoir du 6 décembre, la réouverture de négociations et donc le paiement intégral des salaires. Ce qu'ils firent tous au bout d'un certain temps.

Les mineurs ne se font pas d'illusion sur ces signatures mais, à l'assemblée du 2 décembre où ils étaient toujours 500, ils étaient quand même assez heureux d'avoir ainsi montré qu'il n'était pas question pour eux de se laisser faire.

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