Renvoi d'ascenseur...05/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1792.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Renvoi d'ascenseur...

Le gouvernement a pris la décision de faire contrôler l'ensemble des ascenseurs du pays. Un texte en ce sens devrait être très prochainement soumis aux députés. Et ce n'est pas trop tôt, vu la série noire de ces derniers mois.

Selon le ministre du Logement, les deux tiers de ces 420 000 ascenseurs devraient faire l'objet de travaux de remise aux normes. Autant dire que, notamment dans les quartiers populaires et cités HLM, les ascenseurs sont comme le reste : on les a laissés se dégrader. D'abord, faute de moyens, ou plutôt, de volonté politique de la part des autorités au sens large, et particulièrement des gouvernements successifs pour lesquels le logement des travailleurs était le cadet des soucis. Ensuite, parce que le système locatif en matière d'habitat collectif fonctionne de telle manière que le contrôle sur les sociétés chargées de l'entretien et de la maintenance des ascenseurs laisse pour le moins à désirer, quand il ne s'apparente pas à une forme d'escroquerie organisée. On pourrait rappeler quelques affaires qui ont défrayé la chronique judiciaire en mettant en évidence les liens " d'affaires " entre des municipalités ou des syndics et des prestataires de services sur le dos des locataires. Le comble est que, même là où les ascenseurs sont en piteux état, voire hors d'état de fonctionner, les bailleurs, dits sociaux ou autres, ne se font pas faute de facturer des charges pour un service inexistant ou presque.

Maintenant, le gouvernement " découvre " ce problème... qui dure depuis longtemps et qui n'a cessé de s'aggraver au fil des ans. Il a fallu pour cela qu'il y ait plusieurs morts et blessés graves en plusieurs villes dans un laps de temps rapproché et que ces informations, diffusées par la presse, risquent de déboucher sur un énorme scandale. Après tout, si cela devait améliorer la sécurité, et tout simplement la vie de millions de locataires (les ascenseurs sont en effet le mode de transport collectif - eh, oui - le plus utilisé, à toute heure de la journée, dans le pays), personne ne s'en plaindrait.

Il reste toutefois un " petit " problème. À qui va-t-on présenter la note de ce marché énorme : le contrôle et la remise en état d'un parc d'ascenseurs qu'on dit le plus vieux mais surtout le plus grand de toute l'Europe ? En toute justice, ce devrait être aux constructeurs d'ascenseurs et aux sociétés d'entretien, qui ont d'autant plus prospéré qu'ils n'ont ni assuré de suivi ni rempli leurs obligations, et aux autorités, qui les ont laissé faire, de prendre à leur charge une dépense que le ministère du Logement évalue à quatre milliards d'euros.

Les capitalistes du secteur et le gouvernement étant ce qu'ils sont, ce n'est évidemment pas ce qu'ils préparent. À moins qu'en se faisant entendre largement pour ne pas en être une seconde fois les victimes, les locataires des quartiers et cités populaires ne leur imposent qu'il en soit autrement...

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