PS : Comment changer les apparences sans changer de politique05/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1792.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

PS : Comment changer les apparences sans changer de politique

Il ne se passe plus de week-end, sans qu'au sein des formations de l'ex-gauche plurielle, se déroule un forum, un débat, un séminaire, bref une réunion interne où l'on débat de la manière de se remettre en selle.

De toute part on s'interpelle, on polémique vertement au sein du PS contre les tentations néo-libérales de certains, à savoir Fabius et Strauss-Kahn .

Dernièrement c'était Henri Emannuelli, qui après avoir siégé dans les gouvernements Mauroy, puis dans celui de Fabius, entre 1981 et 1984 apostrophait ce dernier ainsi que François Hollande et quelques autres les accusant quasiment d'incarner la trahison des idéaux socialistes. Le week-end dernier ce sont d'autres ex-ministres sous Jospin cette fois, Marylise Lebranchu et Jean Glavany qui se sont retrouvés aux côtés de Julien Dray pour diriger leurs flèches contre d'autres dirigeants du PS, jugeant un peu tard, que le gouvernement dont ils étaient des membres en vue, avait " mis son drapeau dans la poche " Marylise Lebranchu aurait même, dans son élan, déclaré : " Je suis rentrée socialiste dans le gouvernement, j'en suis sortie raisonnablement révolutionnaire ". Brave gens dormez bien, l'ex-garde des Sceaux se déclare révolutionnaire, mais raisonnablement. On respire !

Des citations de la même eau, on pourrait en faire à la pelle car presque aucun des leaders de cette gauche, dès lors qu'on est loin d'échéances électorales décisives, ne se risque trop à se situer dans le camp du libéralisme économique. Même Strauss-Kahn affiche aujourd'hui sa solidarité avec les manifestants antimondialisation de Florence - ce qui montre bien que cela ne veut pas dire grand-chose -, et regrette, paraît-il, de s'être prononcé en faveur de la privatisation d'EDF.

Tout ce petit milieu, aussi bien au sein du PS que dans les formations alentours qui se préparent à s'y rallier le moment venu, c'est-à-dire au moment des échéances électorales, discutent des mêmes choses, quasiment dans les mêmes termes. " Reconstruire la gauche ", comme ils disent, c'est en réalité chercher un " truc " pour retrouver une majorité électorale leur permettant de revenir à la gestion des affaires, et surtout d'y trouver ou d'y retrouver une place. Cette préoccupation éclaire ces débats qui tournent en rond, autour de ce seul axe. Et ils en marquent les limites. La discussion autour de l'idée, pour la défendre ou la rejeter, de la mise en place d'un " pôle de radicalité " se résume à une discussion pour savoir comment regagner des électeurs. Un peu comme les conseillers en communication discutent de la couleur de la cravate des candidats, de la qualité de leur sourire, ou du nombre de fois qu'il faut utiliser le mot ouvrier dans leurs discours pour séduire telle fraction de l'électorat. L'un des maîtres-d'oeuvre de la stratégie du PS, Jean-Christophe Cambadelis a mis les points sur les i, en déclarant : " Si nous nous engagions dans un processus de radicalisation, nous perdrions notre âme réformiste, sans pour autant gagner sur le plan électoral. " Que Cambadelis se rassure, quels que soient les discours des uns et des autres, aucun n'a perdu son âme réformiste (mieux vaudrait dire gouvernementale et gestionnaire), quant à savoir ce qui sera électoralement payant pour eux l'avenir leur dira.

D'ailleurs si cette radicalisation ou cette radicalité étaient autre chose que des discours, pourquoi se refusent-ils à en préciser le contenu ? S'agirait-il pour ces " révolutionnaires raisonnables " sur le retour, de faire désormais campagne contre les licenciements en se prononçant pour leur interdiction ? S'agirait-il d'agir contre la loi du profit, au nom de laquelle ces licenciements sont décidés ? S'agirait-il, alors que les " affaires " en illustrent la nécessité, de réclamer la levée du secret commercial et bancaire ? S'agirait-il de se battre, autrement que dans des propositions de loi, bien tardives et bien timorées, de se prononcer pour le droit de vote des étrangers, pour la régularisation des sans-papiers ? Ils se gardent de le dire. Certes ces âmes réformistes pourraient tenir de tels discours sans que cela les engage. Ils ont su le faire parfois, dans des programmes électoraux jamais appliqués. Mais aujourd'hui ils ne le font même pas.

Tous ces bavardages destinés à préparer de futurs maquignonnages pré-électoraux ne doivent donc pas faire oublier que la tâche essentielle reste pour la classe ouvrière, pour les milieux populaires de s'organiser pour s'opposer aux coups portés conjointement par le patronat et le gouvernement. Sans attendre, ni espérer qu'une quelconque alternance permette de faire ce que ces politiciens de cette prétendue gauche n'ont jamais fait auparavant, quand ils disposaient des moyens de le faire.

Partager