Irak : La mascarade des inspections05/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1792.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : La mascarade des inspections

C'est le 8 décembre que, selon l'ultimatum lancé par l'ONU, l'Irak doit livrer la liste de ses " armes de destruction massive ". Mais sans même attendre cette date, des officiels américains et britanniques ont fait savoir qu'ils n'attacheraient aucun crédit à cette liste. Quant à Bush, il a tenu à relancer sa rhétorique guerrière en déclarant le 2 décembre, devant un parterre de militaires et d'industriels de l'armement réunis au Pentagone, que les premiers rapports des inspecteurs de l'ONU " n'auguraient rien de bon " pour l'avenir.

Qu'importe si, malgré tous leurs efforts, ni les inspecteurs de l'ONU, ni la meute des journalistes à l'affût de scandales qui les suivent, n'ont encore réussi à détecter la moindre trace des fameuses " armes de destruction massive " - pas même dans des sites dont les barbouzes occidentaux affirmaient, à en croire le dossier publié par le gouvernement anglais en octobre, qu'ils cachaient des installations militaires.

Cela n'empêche pas les dirigeants occidentaux de continuer à agiter l'épouvantail du prétendu " danger " irakien devant leurs opinions publiques. Pas plus que cela n'empêche le vice-président américain Cheney ou le ministre des Affaires étrangères anglais Jack Straw de continuer à contredire leurs propres services de renseignements en affirmant, l'un que Ben Laden aurait quand même quelque chose à voir avec Saddam Hussein, et l'autre que l'Irak aurait des missiles nucléaires.

Le cynisme des dirigeants impérialistes est d'autant plus flagrant qu'au moment même où leurs inspecteurs vont promener leurs appareils ultra-sensibles dans les " palais présidentiels " de Bagdad, à la recherche de la moindre trace militaire suspecte, leur aviation continue ses bombardements. Ainsi le 1er décembre, à Bassora, des installations pétrolières ont été frappées par deux missiles à 11h du matin, alors que, selon l'agence France-Presse, 700 personnes y travaillaient. Cet acte de terrorisme occidental visant un objectif civil aura fait 8 morts et 20 blessés. Le même jour, d'autres bombardements faisaient d'importants dégâts matériels dans le nord du pays.

Mais cela n'a pas empêché Bush de déclarer, dans le discours déjà cité, qu'un " régime qui tire sur les pilotes anglais et américains ne prend pas la voie de satisfaire " les exigences de l'ONU. Ni de signer, dans la foulée, une loi-programme prévoyant 258 milliards de dollars de dépenses militaires, dont une bonne partie passera en " armes de destruction massive ". Pendant ce temps, la presse continue à publier les déclarations de " sources officielles autorisées " selon lesquelles les États-Unis frapperont lorsqu'ils le jugeront utile, indépendamment du déroulement de la mission des inspecteurs de l'ONU.

Il est vrai que, depuis douze ans qu'elle dure, la mascarade des inspections de l'ONU n'a jamais eu d'autre fonction que de fournir aux dirigeants impérialistes un prétexte pour imposer leurs diktats à l'Irak et justifier les bombardements qu'ils ont infligés à sa population et les sanctions économiques que celle-ci paie si chèrement depuis 1991.

Alors aujourd'hui, à l'heure où les dirigeants américains en sont à envisager une intervention militaire contre l'Irak, on peut aisément imaginer comment cette même mascarade pourrait leur fournir un prétexte " justifiant " de passer à l'offensive, le jour où ils le choisiront. Le feront-ils ou pas, et sous quelle forme ? L'avenir le dira. Mais la surenchère verbale de Bush et de ses acolytes montre clairement qu'ils s'en réservent la possibilité et qu'ils continuent à préparer l'opinion à cette éventualité.

Loin d'écarter les menaces de guerre, comme tant de politiciens l'ont prétendu, à commencer par Chirac et ses ministres, l'intervention de l'ONU n'en sera sans doute que la caution.

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