Burkina Faso : Le retour des réfugiés05/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1792.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Burkina Faso : Le retour des réfugiés

Originaires du Burkina Faso voisin, les Burkinabés représentent près de trois des quatre millions d'immigrés vivant en Côte-d'Ivoire. Craignant les représailles de l'armée gouvernementale, de la gendarmerie, mais aussi des escadrons de la mort qui assassinent impunément, ils vivent dans la terreur.

Ces travailleurs immigrés, et d'autres, installés en Côte-d'Ivoire depuis des décennies, travaillant dans tous les secteurs de l'économie, payent au prix fort la crise politique et économique qui frappe le pays. Depuis le début de la rébellion de septembre dernier, ils sont les premières victimes du climat de xénophobie, alimenté par la politique démagogique du régime ivoirien de Gbagbo, soutenu par le gouvernement français. Des dizaines de milliers d'entre eux cherchent à retourner au pays.

Des travailleurs immigrés qui fuient la répression

Après les destructions des bidonvilles d'Abidjan et le massacre d'une centaine d'immigrés - Burkinabés et musulmans - lors de la reprise de la ville de Daloa par les troupes de Gbagbo, des milliers de réfugiés errent sur les routes. D'autres ont été contraints de traverser le Ghana pour rejoindre leur pays d'origine.

Le Mali a prévu de rapatrier près de dix mille de ses travailleurs immigrés, le Burkina Faso également. Celui-ci a vu affluer à la frontière des milliers d'hommes et de femmes. Un premier camp d'accueil a été installé non loin de Bobo Dioulasso, la grande ville du sud. Epuisés après des journées de marche, malades et affamés, d'autres s'entassent dans le grand stade de la capitale, Ouagadoudou, transformé en camp de transit.

Ouvriers agricoles travaillant dans les plantations de cacao, jardiniers, employés des villas de la bourgeoisie ivoirienne, cuisiniers, vendeurs de journaux, petits commerçants : ils sont des milliers à avoir fui le pays. Des millions d'autres sont restés sur place, faute de savoir où aller. La plupart sont nés en Côte-d'Ivoire, vivent et travaillent dans ce pays depuis des décennies. Ils n'ont aucune attache avec le Burkina Faso. Leur retour dans les régions dont sont originaires leurs parents, en général des régions rurales parmi les plus déshéritées du Burkina Faso, où la population est déjà en état de survie permanent, risque à terme d'aggraver une situation déjà catastrophique. L'économie de ce pays enclavé subit de plein fouet les contre-coups de la crise ivoirienne. Ses exportations ne peuvent plus passer par le port d'Abidjan et doivent désormais contourner la Côte-d'Ivoire.

Le gouvernement du dictateur Blaise Compaoré a fait preuve d'une totale incurie face à l'afflux de réfugiés. Bien souvent, ce sont les communautés villageoises qui pallient les défaillances de l'État.

Un consensus national autour du président-dictateur ?

Compaoré exploite politiquement le drame des réfugiés. Sous prétexte de condamner " l'ivoirité ", il développe quant à lui une propagande selon laquelle il n'y aurait plus désormais au Burkina Faso ni pauvres ni riches, ni exploiteurs ni exploités, mais un peuple derrière son président-dictateur.

Les deux dictateurs, celui du Burkina Faso et celui de Côte-d'Ivoire, font mine de s'opposer, s'accusant mutuellement d'être responsable de la crise ivoirienne... ce qui ne les a pas empêchés de se donner l'accolade lors de la toute première conférence des chefs d'État d'Afrique de l'Ouest, censée résoudre cette crise. Cette prétendue " opposition " n'est là que pour détourner la colère des peuples vers l'impasse nationaliste.

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