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Belgique : Le racisme tue et la police s'en prend aux victimes !
Mardi 26 novembre, dans un quartier populaire d'Anvers, un jeune d'origine marocaine de 27 ans était assassiné par son voisin belge de 66 ans, raciste, ayant déjà fait des séjours en hôpital psychiatrique et dénoncé par ses enfants comme caractériel, violent et passionné d'armes à feu.
Les jeunes du quartier ont manifesté contre le racisme dans cette ville où le parti d'extrême droite Vlaams Blok a recueilli 33 % des voix lors des élections municipales 2001. Il y eut quelques échauffourées avec la police, bien moins qu'en d'autres circonstances. Mais, pour étouffer la protestation, la police a procédé à 160 arrestations, dont une vingtaine seraient encore maintenues. En 2000, un organisme parlementaire censé contrôler la police écrivait : " On sous-estime l'impact du racisme de certains membres des forces de l'ordre, qui est terriblement négatif chez les jeunes moins intégrés. La police fait un amalgame entre les bandes de jeunes qui s'ennuient et la criminalité. " Ce constat est encore plus flagrant aujourd'hui. De nombreux membres du Vlaams Blok sévissent dans la police, se sentant protégés par leur uniforme. Le commissaire en chef de la police d'Anvers a dû reconnaître : " Nous avons fait le tri. Une vingtaine d'agents ont été mis à la porte pour comportement raciste. " Il en reste cependant beaucoup.
La police a profité de ces incidents pour arrêter Abou Jahjah (remis en liberté conditionnelle mardi 3 décembre), le leader d'une petite organisation apparue récemment, la Ligue arabe européenne (AEL), qui avait commencé à organiser quelques semaines plus tôt des " comités de surveillance de la police ", en réponse à la décision de la police d'Anvers d'intensifier ses contrôles pour lutter contre la criminalité de rue, déclarant : " Nos patrouilles suivront la police d'Anvers comme son ombre, dans le seul but d'éviter que notre communauté n'endure ce que les Juifs d'Anvers ont dû subir durant la Deuxième Guerre mondiale. "
Au-delà de cette déclaration provocatrice dans la ville des diamantaires - mais d'autres déclarations, sous couvert d'antisionisme, sont à la limite de l'antisémitisme -, une telle initiative serait justifiée si elle se mettait en place. Mais exceptionnellement, la classe politique belge, flamande comme francophone, s'est retrouvée unie pour dénoncer ces atteintes " intolérables et inacceptables à l'état de droit ". La Sûreté de l'État avoue n'avoir pu trouver aucun lien de l'AEL avec l'extrémisme islamiste. Et la justice ne peut pas utiliser la loi contre les milices vis-à-vis de jeunes sans uniforme et armés de seuls appareils photo.
Le ministre de la Justice avait déclaré que, s'il n'y avait pas de loi pour mettre fin aux agissements de l'AEL, il faudrait changer la loi. En mettant sur le dos d'Abou Jahjah la responsabilité des échauffourées, les ministres espèrent obtenir sa condamnation, ou au moins sa mise à l'écart pendant quelque temps. Certains politiciens évoquent même la possibilité de lui retirer la nationalité belge acquise par son mariage.
Évidemment, les déclarations de l'AEL sont avant tout des déclarations publicitaires, pour tenter de lancer et faire connaître un petit groupe nationaliste. L'AEL n'a pas les moyens de mettre en place réellement un contrôle des agissements policiers. Reste que, dans un pays où la police, la gendarmerie et la justice ont à plusieurs reprises fait la démonstration de leur partialité et de leur violence, non seulement contre les immigrés, mais aussi contre l'ensemble des travailleurs, étrangers ou belges, flamands ou wallons, c'est toute la population laborieuse qui aurait intérêt à s'organiser pour contrôler, dénoncer et s'opposer aux " dysfonctionnements ", selon le terme officiel, des institutions de l'État.