Autriche : Le recul de l'extrême droite05/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1792.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Autriche : Le recul de l'extrême droite

Les élections législatives qui ont eu lieu en Autriche fin novembre ont vu un recul important du parti d'extrême droite, le FPÖ de Jörg Haider, qui avait connu une poussée spectaculaire il y a trois ans, lorsqu'il était devenu le premier parti du pays avec 26,9 % des voix. Il n'a séduit cette fois que 476 000 électeurs, soit 10,16 % des suffrages.

De nombreux commentateurs ont parlé d'un " effondrement ". En termes électoraux, sans doute. Mais son électorat demeure tout de même important, dans un pays où par exemple le Parti Communiste ne recueille que 26 000 voix (0,55 %). C'est l'ÖVP, le parti de la droite classique, dirigé par Wolfgang Schüssel, qui a récupéré la très grande majorité des électeurs de Haider : l'ÖVP progresse de 737 000 voix, quand le FPÖ en perd 768 000.

Lors du scrutin d'octobre 1999, le Parti Social-Démocrate SPÖ, qui avait passé de longues années au pouvoir en laissant se dégrader les conditions de vie et de travail de la classe ouvrière, avait été fortement sanctionné. L'ÖVP avait alors fait le choix de gouverner avec le FPÖ. A l'époque cela avait soulevé une vague de protestation dans toute l'Europe, de la part d'hommes et de femmes inquiets de voir l'extrême droite parvenir au pouvoir dans un des pays de l'Union Européenne, mais aussi de la part des autres dirigeants européens, qui en avaient profité pour se décerner, à bon compte, un certificat de " démocratie ".

Durant ces trois ans, l'ÖVP et le FPÖ ont pris ensemble des mesures drastiques pour limiter l'immigration et le droit d'asile. Et ce n'est nullement à cause de divergences dans ce domaine que la coalition gouvernementale est tombée. C'est une violente bataille de chefs à l'intérieur du FPÖ qui a ébranlé ce parti, conduit au retrait de certains de ses ministres et finalement à des élections anticipées.

Au cours de cette nouvelle campagne électorale, on a assisté à une chasse aux électeurs de Haider de la part de l'ÖVP et même du SPÖ, et les thèmes mis en avant ont été la crainte de l'immigration comme la peur de l'élargissement de l'Union Européenne à l'Est. Et aujourd'hui, après sa victoire électorale, le parti de Wolfgang Schüssel n'a pas encore tranché avec qui il gouvernera à l'avenir : à nouveau avec le FPÖ, ou dans une grande coalition avec le SPÖ.

Si Haider a connu une défaite indéniable, il serait donc faux de conclure à un recul profond des idées xénophobes et réactionnaires dont il a fait son fonds de commerce. D'autant que tout laisse à penser que le nouveau gouvernement s'apprête, pour contenter son électorat, à faire du Haider sans Haider, de façon seulement un plus " présentable ". Tout comme ici en France, un Sarkozy peut appliquer, pour son propre compte, un bon nombre d'idées de Le Pen.

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