Amiante : La bourse ou la vie05/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1792.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Amiante : La bourse ou la vie

Aux États-Unis, deux firmes viennent de conclure un accord à l'amiable pour mettre un terme aux plaintes déposées par leurs salariés victimes de l'amiante. Il s'agit de FMC, fabricant allemand d'équipements médicaux, qui a racheté Medical Care, autrefois propriété du groupe américain Grace, spécialisé dans la chimie et la pharmacie, et de l'américain Sealed Air, fabricant de plastique d'emballage à bulles.

A l'annonce de ces accords, les titres FMC ont progressé de 31 % et ceux de Sealed Air de 54,45 %.

L'enjeu est gros en effet : les experts financiers américains estiment que la facture de l'utilisation de l'amiante aux États-Unis pourrait se monter à 200 ou 250 milliards de dollars, dont 60 % à la charge des assureurs. Un procès rassemblant 8 000 plaignants et impliquant des entreprises comme Dow Chemical ou Exxon a commencé en Virginie. Les actionnaires et boursicoteurs en tout genre sont donc bien inquiets et à l'affût de toute " bonne " nouvelle qui leur laisse espérer des frais moins importants. D'où la hausse des actions quand l'entreprise s'en sort bien.

Or on a vu aussi des titres d'entreprises françaises utilisatrices de l'amiante faire un bond à la Bourse : + 4,08 % pour Saint-Gobain, + 7,14 % pour Lafarge et + 3,86 % pour Alstom. Elles craignent, elles aussi, d'avoir à payer puisque, d'après la Cour de cassation, l'employeur a une " obligation de sécurité " sous peine d'être accusé de " faute inexcusable ". Et pourtant l'État et la Sécurité sociale, en créant le Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante, sont venus à leur rescousse. Mais rien de tel qu'un " bon accord " outre-Atlantique pour redonner le moral aux actionnaires : finie l'angoisse de la perte de profits !

Quant à la perte des vies, quelle importance pour eux ? On compte aux États-Unis 200 000 décès consécutifs aux maladies professionnelles causées par l'amiante. On pense que, vers 2030, on pourrait en compter 750 000 en Europe de l'Ouest. Mais la seule préoccupation de ceux qui profitent de l'économie est de rogner sur les indemnités attribuées à ceux qu'ils ont rendus malades ou à leurs familles. Difficile de faire plus abject !

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