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- Lutte ouvrière n°1791
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Cité des Planètes (Maisons-Alfort, 94) : Non au racket sur les loyers !
A la cité des Planètes, à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), une assemblée générale des locataires a réuni 130 personnes pour organiser la riposte contre la hausse des loyers. Une telle affluence à l'assemblée, du jamais vu dans la cité, traduit l'émotion et la colère provoquées par le caractère scandaleux des hausses de loyer.
Celles-ci atteignent 30 à 50 %, à l'occasion du renouvellement du bail, alors qu'en août dernier, tous les loyers avaient déjà été augmentés de 3,57 %.
Ainsi, le loyer de base d'un F2 passerait de l'équivalent de 1540 F à 2310 F, soit 50 % d'augmentation ; celui d'un F5, de 2638 à 3632 F, plus de 1000 F par mois d'augmentation. Plusieurs dizaines de locataires sont déjà concernés et, à terme, tout le monde est visé.
Les 1 200 logements des Planètes, l'une des cités populaires de Maisons-Alfort, ont été construits entre 1956 et 1958. Ils sont gérés par la SCIC, une filiale de la Caisse des dépôts, qui loue près de 200 000 logements dans la région parisienne.
Ces logements figuraient dans le secteur HLM, mais ils ont été " déconventionnés " il y a plusieurs années. La SCIC s'appuie sur une loi de 1989 qui autorise un bailleur à augmenter un loyer, en cas de renouvellement de bail, si celui-ci est sous le taux moyen des loyers pratiqués dans les environs. La SCIC a choisi des loyers bien plus élevés, dans des résidences voisines, plutôt que dans les cités HLM dont les appartements sont comparables à ceux de la cité des Planètes et bien meilleur marché.
La SCIC a envoyé un avis d'huissier afin d'essayer d'intimider les locataires, dont certains ont tout d'abord signé, craignant de se voir jetés à la rue.
Comment la SCIC justifie- t-elle ces hausses ? Elle ne peut pas mettre en avant des travaux puisque, depuis 50 ans, elle n'en a quasiment pas réalisé dans les appartements. Lors de la réunion de locataires, plusieurs d'entre eux ont dénoncé le mauvais état de leur logement. Un même robinet sert à la fois pour le lavabo et la baignoire. Un locataire disait avoir honte de l'état de la baignoire que la SCIC refuse de changer. Les fenêtres méritent d'être changées depuis très longtemps. Les appartements sont très mal insonorisés et les remises en conformité (gaz, électricité) ont été réalisées bien souvent par les locataires et à leurs frais.
Pour les locataires, des travailleurs, des retraités, des chômeurs, ces hausses sont inacceptables. Beaucoup disent : " De toute façon, on ne pourra pas payer de tels loyers ". Un des locataires trouvait ces hausses d'autant plus choquantes que la SCIC réalise des projets immobiliers haut de gamme dans les beaux quartiers de Maisons-Alfort, inabordables pour les milieux populaires.
Plusieurs dizaines de locataires sont intervenus lors de cette assemblée, à la fois pour dénoncer la situation, mais aussi pour discuter des moyens de faire reculer la SCIC. Des locataires d'une cité de Sucy-en-Brie, en lutte depuis des années contre la SCIC pour les mêmes raisons, sont venus apporter leur soutien et leur expérience, ainsi que des représentants du Comité chômeurs salariés d'Alfortville, qui organise quant à lui une lutte contre des hausses de charges.
L'assemblée a décidé de réclamer l'annulation de toutes les hausses de loyer. " Nos salaires, nos pensions sont bloqués, alors aucune hausse de loyers ! "
L'assemblée a aussi décidé par un vote les prochaines actions proposées par le comité : aller en masse interpeller le maire UMP de Maisons-Alfort et le maire PS de Créteil. En effet, les logements concernés sont situés sur ces deux communes et les maires, même s'ils ne sont pas à l'origine de ces hausses, sont responsables de ce qui se passe dans leur commune. Ils ont les moyens d'intervenir auprès de la SCIC pour faire annuler ce racket.
Samedi 30 novembre, les locataires doivent être reçus par le maire de Maisons-Alfort. Des représentants de la SCIC devant se rendre dans la cité vendredi 29 au matin, une trentaine de locataires qui sont disponibles au moment de leur visite doivent les accueillir, en attendant le rendez-vous promis par la SCIC avec l'ensemble des locataires. Une pétition, déjà signée par 600 personnes, leur sera remise à cette occasion.
Un comité de 19 personnes a été élu pour mettre en oeuvre les décisions de l'assemblée. La SCIC avait réussi à intimider certains locataires tant qu'ils restaient isolés. Désormais, elle a en face d'elle des locataires organisés.