Cité Allende (Saint-Denis, 93) : Oui à la réhabilitation, mais pas au rabais29/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1791.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Cité Allende (Saint-Denis, 93) : Oui à la réhabilitation, mais pas au rabais

A Saint-Denis, comme partout, la réhabilitation des cités offre des marchés juteux aux bétonneurs. Celle de la cité Allende a été confiée à Bouygues ; pour la somme de 33 millions, cette entreprise devrait rénover 323 logements.

Mais l'entreprise a décidé d'économiser sur tout. Résultat, les travaux ont été faits en dépit du bon sens et dans une absence totale de sécurité aussi bien pour les locataires que pour les travailleurs : des échafaudages mal fixés se sont effondrés, des fils électriques alimentés traînaient parfois sur le sol. Après une intervention auprès de la municipalité des locataires inquiets des conditions de travail, le chantier a dû être arrêté pendant une semaine.

Pour cette réhabilitation, l'amicale des locataires avait imposé des travaux à l'intérieur des appartements, ce qui n'était pas prévu à l'origine. Mais l'OPHLM a limité la somme allouée à chaque locataire à 7 800 francs et a instauré une carte de 100 points pour réaliser ces aménagements intérieurs. Ainsi, changer l'évier coûtait 27 points, refaire le lino de la cuisine 39, changer les toilettes 28. Et en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, les 100 points étaient atteints.

Pire, ces travaux d'intérieur ont été aussi réalisés à la va-vite : des ventilations sont déjà en panne, des linos de mauvaise qualité déjà percés. Depuis que les anciennes portes blindées ont été changées, une dizaine de cambriolages ont été commis et les habitants attendent toujours, pour sécuriser leurs nouvelles portes, l'installation de cornières qu'ils avaient réclamée dans une pétition en juillet dernier.

Pourtant, comme partout, cette réhabilitation sert d'alibi pour augmenter les loyers. Des augmentations de 50 à 60 euros sont prévues, ce qui porterait des loyers de F4 à près de 4 000 francs (700 euros) par mois. Quelques habitants dénoncent ces augmentations en disant que, depuis 30 ans, les loyers qu'ils paient auraient au moins dû donner droit à un entretien régulier de la cité.

Lorsque les locataires ont protesté auprès des représentants de Bouygues, ces derniers ont fait preuve d'un tel mépris qu'ils ont fait l'unanimité contre eux. Ils ont en effet prétendu que c'était un chantier au rabais et que les gens devaient se satisfaire de ce bricolage.

Mais c'est bien aussi sur ce type de chantier qu'une telle entreprise parvient à faire de copieux bénéfices en ayant recours aux sous-traitants de sous-traitants, en rognant sur la main-d'oeuvre comme sur le matériel.

Et la municipalité qui gère l'OPHLM devrait se donner les moyens de contrôler ces entreprises qui font des bénéfices avec l'argent public. C'est en tout cas le sentiment des habitants qui ne veulent pas d'une réhabilitation au rabais et qui voudraient que Bouygues rende enfin des comptes.

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