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Dans les entreprises
Cellatex (Ardennes) : Promesses envolées... Mais le chômage reste
En juillet 2 000, les travailleurs de Cellatex à Givet, dans les Ardennes, avaient occupé leur usine mise en liquidation, et même menacé de la faire sauter s'ils n'obtenaient pas satisfaction.
Pour faire cesser l'occupation, les pouvoirs publics avaient fini par accorder une prime de 80 000 F. Ils avaient en outre promis la création de 800 emplois, dont 400 à proximité immédiate, dans la pointe des Ardennes. La ministre de l'époque, Martine Aubry, avait alors déclaré : " Les salariés de Cellatex peuvent sortir la tête haute ". Soulagée de voir se terminer le conflit, elle se souciait bien peu de ce que l'avenir réservait aux travailleurs. Deux ans et demi plus tard, ces promesses sont restées à l'état... de promesses.
La misère au lieu des reclassements prévus
Aujourd'hui, 35 salariés seulement sur 160 ont retrouvé du travail. Encore est-ce la plupart du temps par leurs propres moyens, et parfois très loin de Givet. La cellule de retour à l'emploi mise en place par l'État, qui a coûté 610 000 euros, n'a reclassé que neuf salariés en tout et pour tout pendant l'année où elle est restée en place. Elle était animée par le cabinet Sodie, une filiale d'Usinor. Faute d'un nouvel emploi, une fois touchée la prime, les salariés ont donc dû tenter de vivre avec les 80 % de leur salaire prévus par le protocole d'accord, au titre du congé de conversion, pendant un an. Les salaires en question étant proches du Smic, cela ne faisait pas lourd. Puis ça a été les allocations chômage. Et maintenant, leur seul horizon est le RMI et la misère.
La réindustrialisation de la pointe des Ardennes, où le chômage dépassait déjà 20 % il y a deux ans, a fait long feu. Il a été question de 210 emplois dans un centre d'appel téléphonique. On ne les a jamais vus. Pas plus que les 200 emplois qu'avait fait miroiter un temps la Sodie. Les licenciements ont par contre continué dans les autres usines de la ville, dans des entreprises comme Tréfimétaux ou Sorochimie. Début novembre 2002, une petite entreprise de pâtisserie, Fabelpa, a fermé ses portes et jeté à la rue ses quinze employés. La Communauté de communes avait mis à sa disposition des locaux entièrement rénovés pour son installation trois ans auparavant. Les aides avaient afflué de la Région, du Département, de la Communauté de communes, de la Sodie. Aujourd'hui, tout ce qu'il en reste, c'est quinze chômeurs de plus à Givet. Au même moment, 135 suppressions d'emplois étaient annoncées chez Nexans, à Fumay, à une vingtaine de kilomètres de Givet. Cette usine de 400 ouvriers fabrique des câbles et appartenait précédemment à Alcatel. Nexans voudrait la réduire à 260 ouvriers. En fait de " réindustrialisation ", on assiste à la désertification de la pointe des Ardennes et à sa transformation en une friche industrielle.
Toujours des promesses
Depuis la fermeture de leur usine, les anciens salariés de Cellatex sont restés solidaires, comme ils l'avaient été dans la lutte. Regroupés en association, ils se tiennent les coudes, s'adressent régulièrement à la population et ne cessent d'interpeller les pouvoirs publics. Début octobre, le nouveau préfet des Ardennes a eu le culot de se dire " étonné que le problème n'ait pas avancé plus que ce n'était le cas ", et a fait de nouvelles promesses. Mais un mois après, les choses n'ont pas plus avancé. A la veille de cette rencontre avec le préfet, les représentants de l'association des anciens de Cellatex avaient déclaré : " On nous a menés en bateau, c'était histoire de gagner du temps. Deux ans après il n'y a même pas un minimum. Aussi on invite toutes les entreprises où il va y avoir des licenciements à se battre. Les promesses ne sont pas tenues. "
À l'heure où se multiplient les suppressions d'emplois, aussi bien dans les Ardennes qu'ailleurs, ce constat reflète la triste réalité.