Après le 26 novembre : Pour une riposte d'ensemble des travailleurs !29/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1791.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Après le 26 novembre : Pour une riposte d'ensemble des travailleurs !

Les manifestations du 26 novembre des cheminots, rejoints par un grand nombre de travailleurs d'autres secteurs publics, ont mobilisé des dizaines de milliers de travailleurs à Paris et en province. Là où les fédérations syndicales avaient appelé à la grève, comme à France Télécom ou à La Poste, la grève a été largement suivie. Après la manifestation d'EDF et de GDF le 3 octobre, la journée d'hier a témoigné des inquiétudes et du mécontentement des travailleurs du service public face aux menaces qui pèsent sur leurs retraites, sur leurs salaires et sur l'emploi.

Même si l'action des chauffeurs routiers a tourné court, elle témoigne du même mécontentement. Les routiers en ont assez des journées de travail longues et harassantes pour un salaire voisin du Smic. Le gouvernement a fait donner contre eux les CRS et la gendarmerie, dont la menace de retirer les permis de conduire s'est ajoutée à la dérobade de certains syndicats.

Oui, les deux journées qui se sont succédé ont montré que, travailleurs du public et du privé, nous avons les mêmes raisons de nous défendre. Mais elles ont montré aussi que nous avons intérêt à le faire ensemble.

Une véritable campagne de mensonges est menée pour tenter d'opposer les travailleurs du service public à ceux du privé et, à l'intérieur, les corporations les unes aux autres. Mais c'est un mensonge intéressé parce que le patronat comme le gouvernement savent que le rapport des forces leur est d'autant plus favorable que les travailleurs se défendent séparément.

Le gouvernement et le patronat, eux, mènent une offensive concertée contre les intérêts du monde du travail.

Ils s'en prennent à l'emploi. Dans les entreprises privées, se multiplient les plans de licenciements collectifs. Dans les services publics, on supprime des emplois alors même que les hôpitaux, comme La Poste et l'Education nationale, manquent cruellement de personnel.

Dans le public comme dans le privé, les salaires sont insuffisants et les contrats précaires mal payés se multiplient.

Ils s'en prennent à la retraite de tous. Les travailleurs du privé ne doivent pas se faire d'illusions : si le gouvernement parvient à aligner la durée de cotisation sur les 40 ans imposés au privé par Balladur, il ne s'arrêtera pas là. Il cherchera à faire cotiser tout le monde et plus longtemps - 42 ans, voire 45 - pour une retraite de plus en plus misérable. Pas plus de 37 ans et demi de cotisation, ni dans le public, ni dans le privé ! Voilà ce qu'il faut pour rétablir l'égalité et voilà ce qui doit être l'objectif commun !

Ils veulent rétablir, au détriment des salariés, l'équilibre de la Sécurité sociale, mis à mal par les exonérations consenties aux patrons, en diminuant les remboursements.

A ce plan de combat au profit du grand patronat, il est indispensable d'opposer un plan de mobilisation du monde du travail.

Bien sûr, la riposte généralisée du monde du travail ne se décrète pas. Mais elle devrait se préparer au grand jour. Chaque action, chaque journée de grève ou de manifestation, devrait annoncer les suivantes. Mais aussi bien la journée de mobilisation dans le service public que l'action des routiers montrent que ce n'est pas cette préoccupation qui guide les centrales syndicales. Lorsqu'elles se divisent entre elles, ce n'est pas sur la meilleure façon de préparer les luttes futures mais en fonction des élections prud'homales qui viennent. Et lorsqu'elles sont unies, c'est sur les positions des plus inertes.

Comme bien souvent dans le passé, c'est l'action des travailleurs eux-mêmes qui devra les mettre d'accord. La journée du 26 novembre, après celle du 3 octobre, aura montré que les travailleurs répondent " présent " lorsqu'on les appelle à l'action.

Alors, malgré l'attitude timorée des centrales syndicales, malgré la dispersion, il faudra se saisir de toutes les propositions d'action à venir pour qu'elles marchent et s'élargissent. Le gouvernement se vante de sa détermination face aux travailleurs. Il faut que les travailleurs montrent une détermination supérieure pour bloquer l'offensive.

C'est de nos conditions d'existence, de nos vies, qu'il s'agit.

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