RVI (vénissieux) : Des méthodes policières qui choquent21/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1790.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RVI (vénissieux) : Des méthodes policières qui choquent

Toute la presse en a parlé : selon Le Progrès, en première page, France 3, France Info, un employé du secteur Magasin Pièces de Rechanges de Renault Trucks (nouvelle appellation de RVI) à Vénissieux, près de Lyon, aurait détourné pour un million d'euros de pièces. La police de Sarkozy aurait mis à jour un réseau en direction du Maroc

Jeudi dernier 7 novembre, à l'heure de la sortie, un salarié a en effet été interpellé par le service de gardiennage de l'entreprise sur le parking avec des pièces de l'entreprise dans son véhicule. La police, sur les lieux, l'a immédiatement embarqué, menotté, et après perquisition à son domicile aurait retrouvé diverses pièces détachées, pour une somme importante.

Mais il y a une suite à cette interpellation. Le lendemain, vendredi, huit cow-boys ont débarqué au matin dans l'atelier du salarié interpellé la veille pour interpeller un autre travailleur. Devant l'ensemble des autres salariés du secteur, sans autre forme de procès ni explications, celui-ci a été menotté et emmené pour un interrogatoire.

De plus, comme d'autres salariés que la police voulait interroger étaient en RTT ce jour-là, la police débarquait chez eux. Devant les voisins pour les uns, les enfants pour d'autres, leurs maisons étaient mises sens dessus-dessous. Ils étaient menottés, conduits au commissariat de police, déshabillés, fouillés, humiliés, accusés sans preuve et uniquement sur dénonciation. Ils n'ont été relâchés que le vendredi soir, et même pas reconduits chez eux.

Au bout du compte, et après tout ce cinéma à la " Sarkozy et Hutch ", les salariés ont été innocentés et relâchés sans qu'aucune charge soit retenue contre eux.

Les méthodes employées par la police de Sarkozy sont inadmissibles : elle bafoue toute présomption d'innocence. Le préjudice moral subi par les personnes interpellées, désignées coupables vis-à-vis de leurs voisins, de leurs conjoints, de leurs propres enfants, est intolérable.

D'ailleurs, la direction de RVI a bien senti l'émoi soulevé parmi le personnel du secteur concerné par ces événements. Elle l'a réuni plusieurs fois, essayant de se désolidariser (oralement) des méthodes employées par la police, arguant même qu'elle serait intervenue auprès du commissariat de Vénissieux pour éviter de tels procédés. Elle a même déclaré en accident du travail les quatre salariés interpellés injustement, faisant savoir largement qu'elle était prête à prendre en charge les dépenses occasionnées par d'éventuelles conséquences psychologiques pour les personnes.

Cependant, cela ne l'a pas empêchée par ailleurs de diffuser dans le reste de l'entreprise, par hiérarchie interposée, un message disant qu'il faut laisser faire son travail à la police, même si cela occasionne quelques " désagréments " , et surtout que le travail soit le moins perturbé possible.

Ce n'est pas la première fois que de telles méthodes sont employées à RVI, avec des salariés interpellés sur leur lieu de travail et menottés comme de vulgaires criminels, et ce malgré de précédents engagements de la direction pour éviter de tels procédés (elle s'était engagée à faire accompagner les travailleurs que la police voudrait entendre au poste des gardes, à l'extérieur des ateliers).

La direction, si prompte il n'y a pas si longtemps encore à envoyer des communiqués de presse pour soutenir ses hauts cadres mis en examen pour abus de biens sociaux, est beaucoup plus silencieuse dans la presse pour soutenir les travailleurs innocents malmenés par les policiers.

Cette triste expérience en tout cas a ouvert les yeux à nombre de compagnons sur l'injustice et les méthodes arbitraires de la police. La démagogie sécuritaire de Sarkozy conduit à de tels dérapages. Mais quand il s'agit d'interpeller les responsables de l'affaire Elf ou d'autres par exemples, la police prend bien plus de précautions qu'avec des ouvriers de RVI.

Partager