Retraites : Contre le plan Fillon, il faut un plan de défense des travailleurs21/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1790.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Contre le plan Fillon, il faut un plan de défense des travailleurs

Les attaques contre les retraites se précisent. Fillon vient d'annoncer ce qui est un véritable calendrier de mise en condition de l'opinion publique et qui doit aboutir l'été prochain.

Dès le mois de décembre, les anciens Premiers ministres, de Barre à Mauroy et Rocard, seraient consultés. On sait que, de la droite à la gauche, tous s'accordent sur le sujet. Puis en janvier, nouvel acte de la pièce : Fillon effectuera un tour d'Europe des régimes de retraite. Micros et caméras à l'appui, il expliquera qu'il y a pire ailleurs. Puis, jusqu'à la fin mai, le gouvernement prévoit des discussions avec les représentants des organisations syndicales. À ce moment-là, considérant que l'opinion publique sera à point en sa faveur, il espère faire adopter ses projets par le Parlement... En pleines vacances, donc !

Pour le gouvernement, il faut donc dans les huit mois qui viennent travailler au corps l'opinion publique, tout en faisant semblant de " négocier " avec les organisations syndicales qui, constatons-le, non seulement se prêtent au jeu, mais frétillent d'aise à cette idée.

Fillon évoque différentes hypothèses. Parmi les scénarios possibles, il évoque la possibilité d'imposer à tous 42 annuités de cotisation, ou encore, dans le cas où les cotisations et le calcul des retraites resteraient en l'état, une augmentation importante de la TVA ou de la CSG, de l'ordre de 15 et 20 % !

Selon une méthode fort pratiquée, le gouvernement annonce le pire pour tenter de faire accepter l'essentiel, on le voit (encore qu'on ne peut exclure qu'il choisisse l'hypothèse la plus pénalisante pour les futurs retraités). Ce qui semble l'intéresser dans l'immédiat, c'est d'allonger la durée de cotisation des travailleurs du secteur public, et de remettre en cause certains régimes spéciaux. Ce jeu de poker menteur a l'avantage de donner l'impression que rien n'est décidé, et qu'il y aurait du " grain à moudre " pour de futures négociations avec les organisations syndicales. Celles-ci pourront dès lors prétendre que, grâce à elles, par la discussion, les salariés ont évité le pire.

Ces organisations syndicales sont restées bien silencieuses lors de l'annonce de la suppression des préretraites dans la fonction publique. Ces dernières semaines, elles se sont surtout montrées soucieuses de ne pas être laissées à l'écart des futures décisions. Quelques jours avant l'annonce de ce calendrier par Fillon, la CGT déclarait : " Le gouvernement aurait-il déjà fait son choix en matière de réformes des retraites et cela avant le début des négociations ? " Du côté de la CFDT, son secrétaire général est plus clair encore : l'État " doit s'appuyer sur les partenaires sociaux et la négociation collective. À défaut, les responsables politiques s'exposeraient à d'autres formes de mobilisation " !

Les confédérations syndicales peuvent donc être rassurées. Le gouvernement leur annonce quatre ou cinq mois de négociations ! Cela ne lui coûte rien. Cela présente en plus l'avantage de fournir un alibi aux dirigeants syndicaux.

Qu'il se tienne ou pas à ce calendrier, le gouvernement annonce clairement la couleur. À son plan d'attaque et de conditionnement de l'opinion publique devrait répondre un plan de défense des retraites par les travailleurs. Les mobilisations qu'évoquait le dirigeant de la CFDT Chérèque, en les redoutant, sont bien à l'ordre du jour. Elles seules peuvent faire vaciller les intentions du gouvernement.

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