Prix de l'eau : Les profits coulent à flots21/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1790.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prix de l'eau : Les profits coulent à flots

Ces dernières années, le prix de l'eau n'a pas cessé d'augmenter pour le consommateur. En dix ans, il a connu une forte hausse, de 66 % en moyenne, soit quatre fois le montant de l'inflation durant la même période. Ce prix a même parfois doublé, comme à Calais où il a augmenté de 103 % dans le même temps.

La situation n'est pas due à la raréfaction de l'eau ou à des exigences techniques plus contraignantes. L'eau ne manque pas, en revanche rien ne désaltère la soif de profits d'entreprises du secteur de plus en plus voraces.

80 % du réseau de distribution sont actuellement confiés à des entreprises privées, le reste relevant de régies municipales. Ce pourcentage n'a pas cessé d'augmenter. Pourtant, l'eau distribuée directement par les communes est nettement moins chère. Mais trois entreprises dominent de concert la quasi-totalité du secteur privatisé et gèrent en commun une véritable situation de monopole : la Générale des Eaux, la Lyonnaise des Eaux, et la SAUR, respectivement filiales des groupes Vivendi, Suez et Bouygues.

Dans ce secteur, les choses sont limpides pourrait-on dire. Il n'est plus question, pour les trois sociétés, de la " libre concurrence " que l'on attribue à l'" économie de marché ". Elles se sont entendues pour se partager le réseau et fixer les prix en conséquence, et se sont réparti le territoire. Les appels d'offre s'opèrent de telle façon qu'elles ne remettent pas en question ce partage. En fait, c'est une véritable entente illicite, mais admise. Comme le dit un responsable d'un organisme officiel de contrôle des prix : " Cette situation... ne pousse pas à la modération des prix ". C'est le moins que l'on puisse dire.

Non seulement ces trois compagnies s'entendent pour fixer le prix de l'eau mais elles gagnent sur bien d'autres tableaux. Elles surévaluent les frais de gestion, tout comme les travaux d'entretien du réseau quand elles les effectuent. Un quart de l'eau pompée est perdue par défaut d'entretien du réseau, mais elle est payée intégralement par l'usager. Quant aux nouveaux équipements, telles des stations d'épuration, qui sont à la charge des communes, ils sont financés avec l'aide... de ces mêmes compagnies, mais à des taux prohibitifs s'entend. Comme si cela ne suffisait pas il n'y a pas de petits profits et les compteurs d'eau, eux, sont facturés cinq fois leur prix !

Un directeur de la Lyonnaise des Eaux l'a reconnu sans aucun complexe : " Nous sommes là pour faire de l'argent. Tôt ou tard, la compagnie qui investit récupère des investissements, ce qui veut dire que c'est le consommateur qui paie pour cela ".

Même si les maires ont la ferme volonté de contrôler les comptes, ceux-ci sont de leur avis même si tordus qu'il est bien difficile de le faire sérieusement. Et quand ils y parviennent, " chaque ligne de ce que nous avons pu contrôler est contestable ", déclare l'un d'eux. Seuls quelques obstinés, avec l'aide d'associations, obtiennent des baisses de prix.

Le secteur de l'eau est un des plus juteux de l'économie capitaliste. Pour trois d'entre eux en France, il est une pompe à profits ; une chose dont le coût devrait être dérisoire finit par alourdir durement les factures des consommateurs et par grever leur budget. Attention, tant va la cruche à l'eau...

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