Oyonnax (Ain) : Manifestation contre le chômage et les licenciements21/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1790.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Oyonnax (Ain) : Manifestation contre le chômage et les licenciements

Samedi 16 novembre, à Oyonnax, dans l'Ain, malgré la pluie, nous étions près de 200 personnes à manifester, à l'appel des syndicats de la ville, pour protester contre les licenciements et les suppressions d'emplois qui se multiplient dans les entreprises des environs.

La région d'Oyonnax est appelée la " plastiques vallée " car des dizaines d'entreprises de toutes les tailles emploient des milliers de salariés dans la plasturgie. Oyonnax s'est développée ces dernières décennies autour du plastique, et des usines flambant neuves ont poussé comme des champignons dans toute la vallée, bénéficiant souvent d'exonérations d'impôts et de terrains viabilisés. Une autoroute a même été spécialement prolongée pour desservir les usines et les entrepôts.

Mais depuis quelques mois l'ambiance est morose : les intérimaires, très nombreux dans la plupart des entreprises, sont renvoyés ; certaines petites entreprises se sont déclarées en faillite tandis que des plus grosses annoncent des licenciements secs, comme Billon (fabriquant des presses à injecter) qui a programmé 46 licenciements.

Cette ambiance inquiète les salariés de ces entreprises mais aussi tous les travailleurs en contrats précaires de la ville qui cherchent l'embauche. Les offres d'emplois ont fortement diminué à l'ANPE d'Oyonnax.

Personne, parmi les travailleurs, ne sait exactement si les difficultés annoncées sont réelles ou artificiellement gonflées, durables ou provisoires, mais elles servent de prétexte pour mettre la pression sur l'ensemble des salariés. Les conditions de travail étaient déjà déplorables dans la plupart des entreprises avec des salaires très bas. Mais depuis cet été, les cadences de travail ont encore augmenté et tout est bon pour sanctionner les travailleurs : des pièces renvoyées par un client mécontent, un retard de 5 minutes au travail et c'est un avertissement qui tombe, ou pire encore le licenciement pour faute grave. Les patrons se servent de la situation et entretiennent le climat de peur : certains annoncent des dépôts de bilan alors que leurs carnets de commandes sont pleins. D'autres disent qu'il n'y a pas de travail mais n'ont pas hésité à faire revenir des travailleurs ce samedi, jour de la manifestation...

Du coup chez certains, la peur a fait place à la colère. Surtout qu'à cette ambiance dans les usines s'ajoutent des menaces sur les emplois à l'hôpital d'Oyonnax, dont la direction a annoncé, suite à un audit, qu'il faudrait supprimer des dizaines de postes, ajoutant ainsi les craintes du personnel hospitalier à celles de tous les travailleurs de la ville.

Nous étions donc nombreux à vouloir manifester notre mécontentement face à cette attitude arrogante et offensive du patronat local ou des autorités de la ville. Quand tout va bien pour les patrons locaux, ils n'embauchent pas les intérimaires, n'augmentent pas les salaires et n'allègent pas le travail, mais quand ils prétendent que cela va mal, alors c'est aux travailleurs qu'ils présentent l'addition.

Pourtant toutes ces entreprises se sont enrichies ces dernières années sur le dos des travailleurs. Beaucoup parmi elles sont des sous-traitantes pour de grands groupes industriels (de l'automobile en particulier) qui se portent très bien. Les patrons locaux ou les groupes pour qui elles travaillent ont donc les moyens de payer.

Cette seule manifestation ne suffira certes pas à faire reculer ces patrons : il faut préparer, à Oyonnax comme ailleurs, une riposte plus générale.

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