EDF-GDF : La fédération cgt s'apprête à brader les retraites21/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1790.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

EDF-GDF : La fédération cgt s'apprête à brader les retraites

Le 14 novembre, les organisations patronales des IEG (Industries électriques et gazières, pour l'essentiel EDF et GDF) ont fait connaître officiellement leurs propositions concernant les retraites.

Elles reprennent ce que Roussely, le président d'EDF, avait déclaré à une commission parlementaire au mois de juillet : elles veulent que ce ne soit plus EDF ni GDF qui paye les retraites, comme c'est le cas actuellement, mais une caisse spéciale qui serait créée. Les agents cotiseraient à cette caisse, et le montant des cotisations augmenterait, passant de 7,85 % actuellement, jusqu'aux alentours de 11 à 12 % comme c'est le cas pour le régime général, auquel la caisse serait " adossée ".

Ceci a pour but de désengager EDF et GDF du paiement des retraites, qui reviennent trop cher aux yeux des capitalistes intéressés par une future ouverture du capital de ces entreprises publiques. Il en résulterait pour les agents une augmentation des cotisations de l'ordre de 4 %, donc une réduction des salaires d'autant. Et en cas de difficulté avec leur nouvelle caisse de retraites (faillite, refus de payement, etc.) ce n'est plus EDF-GDF qui garantirait le payement des pensions comme c'est le cas actuellement, car aujourd'hui les pensions de retraites sont un poste du compte d'exploitation comme les autres.

Et à l'avenir, si le régime général passait de 37,5 années de cotisation à 40 ans (ou plus) comme il en est question, eh bien les salariés se verraient obligés de cotiser plus longtemps.

Il y a unanimité parmi les agents d'EDF et GDF pour dire qu'il n'est pas question de toucher à nos retraites, pas question de créer une caisse de retraite, ni d'augmenter les cotisations, ni d'allonger les annuités de cotisations.

Malheureusement, ce n'est pas ce qui transparaît dans les négociations entre les dirigeants syndicaux et les patrons. Au mois d'août, le gouvernement avait appelé les " partenaires sociaux " des Industries électriques et gazières (IEG) à négocier sur les retraites. C'était évidemment un piège. Parmi le personnel des IEG quelques milliers bénéficient du même dispositif qu'EDF (ceux de régies départementales, de compagnies de chauffage urbain, de la Compagnie Nationale du Rhône, etc.), mais pas les autres. Des dirigeants syndicaux dignes de ce nom ne pourraient que revendiquer l'alignement de toutes les IEG sur le régime le plus favorable, celui d'EDF-GDF. Mais dans l'optique gouvernementale, discuter à propos de l'ensemble des IEG était un moyen de noyer le poisson et de se diriger vers une cote mal taillée entre les retraites EDF-GDF et les autres.

La fédération CGT, le syndicat majoritaire (en valeur absolue) dans l'entreprise, s'est empressée de tomber dans ce piège, avec la CFDT. En revanche FO a claqué la porte, dès la première réunion, le 14 octobre, estimant à juste titre qu'il n'y avait rien à négocier.

Des discussions ouvertes quelques jours après la grève et la manifestation réussie du 3 octobre, seuls quelques articles de presse ici ou là ont rendu compte. Selon ceux-ci, la CGT aurait admis la nécessité d'une " réforme " du régime des retraites, sans démenti de la part de la CGT, sans compte-rendu au personnel. Une inquiétude a commencé à se faire jour dans le personnel : de quoi discutait-on, et que comptait faire la CGT ?

Maintenant que le document patronal vient de paraître, le seul commentaire de la CGT sur le point essentiel de la création de la caisse de retraite, qui est le pivot de tout le dispositif patronal, est le suivant : " Cette question n'est pas pour la CGT d'actualité ", suivi de quelques lignes de précisions. Alors que la réponse qui s'imposait pour la caisse de retraite était " non ! " ainsi que le désire le personnel, la fédération CGT se contente de répondre " pas maintenant ". C'est torpiller le mouvement du 3 octobre, et sans être un grand devin on peut même prévoir qu'ainsi la CGT finira par se torpiller elle-même...

En ce qui concerne la participation des travailleurs d'EDF à la journée du 26 novembre, FO (qui a refusé de négocier) a appelé rapidement à une journée de grève, puis le syndicat CGT-Paris (qui est dans l'opposition par rapport à la fédération) et enfin Sud. La CFDT n'a rien dit, et la fédération CGT (nationale) a pris, presqu'en catamini, une position emberlificotée : appel à agir (sans préciser comment) le 25 novembre, jour d'une réunion des ministres européens de l'Énergie, et également (toujours sans dire comment) le 26 avec les cheminots.

Après le mouvement réussi du personnel d'EDF-GDF le 3 octobre, les bureaucrates syndicaux ont donc négocié... dans le dos du personnel et contre ses intérêts. Mais si pour le moment beaucoup de militants syndicaux ou autres voient de plus en plus clair dans le jeu de la fédération, le personnel dans son ensemble, tout en étant méfiant, ne croit pas vraiment que les dirigeants syndicaux puissent le trahir véritablement.

En tout cas, le mouvement du 3 octobre a montré que les 140 000 agents d'EDF-GDF auraient parfaitement la force de faire prévaloir leur volonté sur celle de la direction et de quelques dizaines de bureaucrates. Il faut souhaiter qu'ils le démontrent de nouveau le 26 novembre, avec les autres travailleurs du secteur public appelés à la lutte ce jour-là.

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