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Leur société
Le scandale des travailleurs handicapés
Deux associations d'aide aux handicapés ont entrepris tout au long de cette semaine de multiplier les initiatives en direction du patronat afin de l'inciter à embaucher davantage de personnes handicapées.
Officiellement, en France, 3,5 millions de personnes de moins de 60 ans souffriraient d'un handicap. Sur 730 000 d'entre elles reconnues aptes au travail, 100 000 sont occupées dans des centres d'aide par le travail (CAT) et 390 000 condamnées au chômage. C'est dire le peu de handicapés travaillant dans les secteurs public ou privé.
Pourtant, depuis 1987, une loi impose aux entreprises de plus de 20 salariés d'avoir au moins 6 % de handicapés parmi leur personnel. Comme beaucoup d'autres lois dites « sociales » les patrons ne s'empressent guère pour l'appliquer, beaucoup préférant payer une modeste amende (4000 euros par an pour une entreprise de 33 à 50 employés par exemple), ce qui les dispense d'embaucher des handicapés. Résultat, les entreprises françaises ne compteraient que 4 % de handicapés parmi leur personnel. Dans les faits beaucoup moins car, suivant l'importance du handicap, une seule personne peut compter pour deux, voire pour 5,5 handicapés employés ! Autre possibilité, au lieu d'embaucher directement des handicapés, une entreprise peut ouvrir un « centre d'aide par le travail » (CAT) où les travailleurs seront rémunérés au minimum à 5 % (un chiffre totalement dérisoire) du SMIC et jamais à plus de 110 % de ce dernier, toutes allocations comprises. Ces centres échappent à la législation sociale et au regard de l'inspection du travail. Ils ignorent les indemnités de licenciement et ne sont pas passibles des prud'hommes. Avec de telles conditions, l'entreprise fondatrice est sûre de faire de confortables profits.
Concernant leur mission, ces centres sont censés favoriser l'accès des handicapés à une activité professionnelle ordinaire. Mais les résultats sont plus que modestes puisque moins de 1 % des travailleurs handicapés occupés dans les CAT parviennent à trouver un travail « normal ».
C'est que les patrons rechignent à embaucher des handicapés malgré les subventions et les aides pour l'aménagement des postes de travail. Le chômage leur permet de sélectionner et de choisir les travailleurs les plus rentables et d'éliminer des catégories entières de travailleurs comme les handicapés par exemple.