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- Lutte ouvrière n°1789
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Dans les entreprises
Alcatel - Ormes (Loiret) : - Les travailleurs bloquent l'usine
250 travailleurs de l'usine d'Alcatel à Ormes, près d'Orléans, ont bloqué l'entrée du site toute la journée du mardi 5 novembre, dissuadant les quelques salariés qui voulaient travailler de rentrer dans l'usine. Aucune production n'est sortie ce jour-là. Nous avons plusieurs fois fait le tour d'un grand rond-point, ce qui a provoqué de gros embouteillages dans cette zone industrielle fréquentée par des centaines de camions.
C'est à l'appel des syndicats que nous nous sommes retrouvés, pour protester contre l'annonce des 19 000 suppressions d'emplois dans l'ensemble du groupe. Il est question de 1 060 suppressions en France.
Nous avons eu la surprise de voir arriver le sénateur socialiste du coin, Jean-Pierre Sueur. Ancien secrétaire d'État aux Collectivités locales et ancien maire d'Orléans battu aux dernières élections, il était venu à l'invitation d'un syndicat de l'usine qui nous l'a présenté un peu comme un sauveur. Comme si nous avions déjà oublié que lorsque lui et ses amis politiques étaient encore aux affaires, il n'y a pas si longtemps, on ne l'a jamais vu protester contre les licenciements, que ce soit à Danone, Marks & Spencer ou même à Alcatel qui n'en est pas à son premier plan de suppressions d'emplois. Comme on pouvait s'y attendre, il a été reçu par le PDG. A l'issue de cette rencontre la presse locale annonçait que le site ne serait pas fermé, à condition que les syndicats concluent avec la direction un « accord de méthode ». C' était le but de la manoeuvre.
Alcatel cherche à conclure un accord à l'amiable avec les syndicats, accord qui ne sauverait pas un seul emploi, mais qui serait moins contraignant pour Alcatel qu'un plan social. Un plan social implique des procédures longues qui font perdre du temps aux patrons. Alcatel a une urgence. Son PDG, Tchuruk, s'est d'ores et déjà engagé vis-à-vis des actionnaires auxquels il a promis des bénéfices en 2003. C'est cette politique qu'Alcatel veut mettre en oeuvre à l'échelle du groupe. D'une main la direction brandit la menace d'un plan social, de l'autre la « carotte » d'un accord de méthode, mais en aucun cas elle ne revient sur les 19 000 suppressions d'emplois annoncées.
Mais ici, à Ormes, on se souvient que lors du dernier plan social, en 1997, un tel accord avait été conclu entre des syndicats et la direction. Il prévoyait la construction d'une usine de parfums, Shisheido, sur un terrain appartenant à Alcatel, et laissait entendre qu'une partie des 150 emplois serait réservée aux salariés d'Alcatel. On nous disait aussi qu'il n'y aurait pas de licenciement « autoritaire ». L'usine de parfums a bien été construite mais aucun emploi n'a été proposé aux travailleurs d'Ormes. Une partie de ceux qui avaient été reclassés dans des entreprises sous-traitantes ont depuis été licenciés. Quant aux licenciements autoritaires, il y en a bel et bien eu.
Si la direction hésite tant à donner des chiffres pour chaque site, c'est bien parce qu'elle craint nos réactions. À chaque appel à se mobiliser, que ce soit le 2 octobre ou le 5 novembre, les travailleurs d'Alcatel ont répondu présent. Cela pourrait être le début d'un véritable plan d'action contre les attaques de la direction. Mais ce n'est pas la tactique des syndicats. Si les travailleurs veulent remettre véritablement en cause la politique d'Alcatel, il faudra qu'ils imposent leur propre stratégie de luttes, en tournant résolument le dos à une collaboration avec la direction qui nous mène dans une impasse.