La double peine et le démagogie de Sarkozy01/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1787.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La double peine et le démagogie de Sarkozy

Décidément, quand on a été ministre de l'Intérieur, on a du mal à quitter sa vieille peau. Le socialiste Daniel Vaillant en est l'illustration.

Récemment interrogé sur Fr2, à l'émission les 4 vérités il accordait un satisfecit à son successeur Nicolas Sarkozy, pour les mesures qu'il proposait au titre de sa loi dite de " sécurité intérieure ", expliquant même qu'en ce qui le concerne, il se préparait à mettre en place de telles mesures, avant que les élections ne mettent fin à sa carrière de 1er flic de France. A tel point que le journaliste lui demanda s'il réclamerait des droits d'auteur.

Quelques jours plus tard, l'ex-ministre de l'Intérieur récidivait dans le même sens, à propos de la " double peine ", cette procédure qui implique qu'un ressortissant non titulaire de la nationalité française, condamné par un tribunal peut, après avoir purgé sa peine, être expulsé dans son pays d'origine, même s'il n'y a pas la moindre attache, même s'il n'en parle pas la langue.

Répondant à une interview dans Le Monde du 29 octobre, Vaillant y explique que " être reconduit chez soi après une condamnation n'est pas une peine supplémentaire ", ajoutant : " Si la justice décide qu'une personne doit être reconduite à nos frontières, parce qu'elle représente un risque lié notamment au terrorisme, ou parce qu'il est en situation irrégulière en ayant commis plusieurs délits criminels, cela ne me choque pas ".

Ainsi Sarkozy peut à bon compte se payer le luxe de tenir un discours sur la double peine, rien qu'un discours il est vrai, qui peut apparaître " plus humain " que celui de ses prédécesseurs de la gauche, et se faire un malin plaisir de souligner qu'il ose aller plus loin qu'elle sur cette question. Encore une fois, c'est seulement verbal.

Du coup, au moment même où il met en place son dispositif de chasse aux pauvres et aux jeunes qu'il amalgame à des voyous en puissance, sous le prétexte qu'ils sont désoeuvrés - mais à qui la faute ? - il peut se permettre de jouer les bons samaritains. Au point aussi qu'il est félicité de tous côtés. A droite, c'est logique, mais il l'est aussi par des hommes qui passaient pour avoir des idées plutôt à gauche.

Ainsi le cinéaste Bertrand Tavernier accorde un bon point à Sarkozy. Qualifiant " de progrès indéniable " les déclarations de Sarkozy laissant entendre qu'il pourrait rééxaminer la question de la " double peine " il en a appelé " au président de la République, gardien de nos institutions et protecteur de nos libertés, pour que la double peine soit abolie ". D'un même élan, il a fustigé le PS qui a fait preuve sur cette question d'une " incroyable lâcheté ". Et il ne fait aucun doute en effet que sur cette question cette prétendue gauche a été plus que lâche, elle a été veule et porteuse des mêmes discours que la droite. Mais elle ne l'a pas été que sur cette question. Et ils n'étaient pas nombreux ceux qui osaient le dire haut et fort, quand elle occupait le gouvernement !

Et de là à habiller Sarkozy et Chirac du titre de protecteurs de " nos " libertés, c'est troquer des illusions passées pour d'autres qui ne valent pas mieux. Car la droite est en place pour faire une politique de droite, et elle le fait sans embarras ni entrave, avec d'autant plus de facilité qu'elle n'a qu'à suivre le sillon tracé par la gauche. Et que cette droite ait le culot de se poser en championne des pauvres, ce n'est pas une nouveauté dans ses discours. S'y laisser prendre serait ne pas tenir compte des leçons passées.

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