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Grèce : Campagne de calomnies anti-trotskyste
En Grèce, la police a arrêté cet été la plupart des membres de l'organisation " 17 Novembre ", dont le nom fait référence au 17 novembre 1973, jour où l'armée avait envahi l'Ecole polytechnique d'Athènes et fait des dizaines de morts parmi les étudiants en lutte contre la dictature des colonels.
Depuis la chute de la dictature en 1974, le groupe " 17 Novembre " a poursuivi une politique qu'il qualifiait de " guérilla urbaine ", pratiquant des attentats individuels. Depuis cette époque, il a ainsi revendiqué 23 assassinats de personnalités politiques ou militaires américaines, grecques et turques. Cette politique absurde ne correspond évidemment en rien à l'intérêt des travailleurs et n'a nullement contribué à affaiblir le pouvoir de la bourgeoisie grecque.
Le groupe a poursuivi ses activités pendant vingt-sept ans sans que la police parvienne à entraver son action. Ce n'est seulement qu'en juin dernier qu'un militant de " 17 Novembre " a été arrêté, parce qu'il avait été hospitalisé après avoir fait exploser accidentellement une bombe qu'il préparait. Il a fourni des indications qui ont mené au démantèlement rapide du groupe. L'appareil d'État et les médias ont alors triomphé, faisant une forte publicité à chaque arrestation. Les politiciens ont multiplié les discours contre le terrorisme, d'autant que s'ouvrait la campagne pour les élections municipales, qui viennent d'avoir lieu le 20 octobre. Le Premier ministre socialiste Kostas Simitis s'est lui-même gargarisé sur la capacité de son gouvernement à faire face à la menace terroriste... et à assurer dans la sérénité les Jeux Olympiques qui doivent avoir lieu en 2004 à Athènes.
Mais ces rodomontades politiciennes se sont aussi doublées d'une campagne de calomnies... contre l'extrême gauche trotskyste et contre ses idées. La police, la télévision et les journaux ont, en effet, volontairement amplifié le fait qu'un des membres importants de " 17 Novembre ", Alexandre Giotopoulos, soit le fils d'un ancien responsable d'un groupe trotskyste grec au début des années 1930, Dimitri Giotopoulos. En fait, Alexandre Giotopoulos ne s'est jamais revendiqué du marxisme ou du trotskysme. Quant à son père, il a à l'époque rapidement rompu avec Trotsky ! Mais cela n'est pas dit et permet de faire l'amalgame entre les terroristes et les trotskystes. Et depuis des semaines s'étalent dans la presse des articles supposés sérieux dans lesquels les mensonges éhontés se mélangent aux calomnies.
Ainsi, après bien d'autres, le journal Elefthériotypia du 17 octobre publiait encore un dossier de 50 pages sur " l'histoire du terrorisme ". Tout y passe pêle-mêle : de l'Antiquité au Moyen Âge, la Révolution française, celle de 1848, la Révolution russe, le Ku Klux Klan aux USA, le nazisme, le stalinisme, les Brigades Rouges, pour finir avec les attentats du 11 septembre à New York et Ben Laden. Révolutionnaires et contre-révolutionnaires, lutte des classes et terrorisme sont amalgamés sans aucun scrupule.
Cette campagne tente évidemment de criminaliser tous ceux qui luttent pour l'émancipation des travailleurs et contre le pouvoir de la bourgeoisie. Et surtout, elle tombe bien à point pour détourner l'attention des attaques contre la classe ouvrière, en particulier contre les retraites et la Sécurité sociale que met en oeuvre le gouvernement " socialiste ". En ne reculant pas, on le voit, devant les plus vieilles ficelles réactionnaires de l'amalgame et de la calomnie.