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Dans les entreprises
Renault Douai (Nord) : Nouveau modèle, vieilles méthodes
L'usine Renault de Douai produisait la Scénic. La nouvelle Mégane, la Mégane 2, est en route. 1 600 véhicules sortent chaque jour des chaînes, avec 5 800 embauchés Renault et près de 1 300 intérimaires. Mais ce n'est pas encore assez pour la direction qui en voudrait toujours plus : la Scénic continue de bien se vendre. Les délais d'attente sont de deux mois et demi pour les clients, et Renault veut accélérer la production... sans embaucher.
Pagaille city
La production de la nouvelle Mégane connaît de nombreux problèmes : 11 000 véhicules sont sur les parkings, depuis des semaines, en attente de retouches. Certains sont incomplets et attendent des vitres, des boucliers, protégés tant bien que mal par des plastiques.
Comble de l'absurde, des voitures terminées sont déshabillées par des équipes spéciales qui récupèrent des pièces pour les ramener sur chaînes... afin d'en produire d'autres qui sortiront complètes, mais seront peut-être déshabillées à leur tour ! Des retoucheurs ont été appelés de l'usine de Maubeuge, d'autres des usines d'Espagne ou de Turquie !
La direction a tout fait pour réduire les coûts de production en supprimant des retoucheurs et des contrôleurs à Douai. Elle a comprimé les contrats des fournisseurs jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus suivre le rythme des commandes. Elle se refuse depuis des années à embaucher des travailleurs supplémentaires. Pas étonnant que l'on se retrouve dans cette situation ! Et pourtant, c'est aux travailleurs qu'elle s'en prend.
Autoritarisme
Elle a récemment durci la discipline en multipliant les sanctions. Un travailleur vient d'être licencié pour " falsification de document ". En recopiant sa feuille d'arrêt maladie illisible, sa femme s'est trompée d'une journée. Le travailleur en question n'avait aucun intérêt à tricher puisque son congé paternité démarrait juste après son arrêt maladie. D'autant que la direction avait elle-même fait une erreur de 10 jours sur son congé paternité. Mais elle a quand même licencié. Elle a récolté un débrayage et une pétition largement signée. L'affaire est loin d'être finie .
Un autre travailleur a reçu un avertissement parce qu'il avait refusé d'être assesseur le jour des élections au Conseil d'administration du groupe. Résultat : trois heures de débrayage total dans son secteur, tous les camions de livraisons bloqués, et un repli honteux de la direction qui a dû enlever la sanction et payer les trois heures.
Autre exemple, un intérimaire a été licencié sur-le-champ parce qu'il avait cinq paires de gants dans son sac. Mais c'est son chef qui les lui avait données d'un seul coup, et il n'avait pas d'armoire pour ranger ses affaires ! La direction en a rajouté en proclamant qu'elle ne prendrait plus personne de cette agence d'intérim pendant 6 mois ! Toutes ces sanctions ont alourdi le climat dans les ateliers. Les problèmes liés à l'organisation du travail restent. La pagaille continue donc.
Surcroît de travail
La direction s'appuie sur des accords signés par la CFDT, FO, la CGC et la CFTC, pour exiger 1 h 25 de production supplémentaire en équipe d'après-midi en échange d'une modeste prime de 900 francs en moyenne et les heures supplémentaires payées 10 %. Mais nous finissons déjà les journées épuisés par les cadences ! Y aura-t-il des réactions ? Difficile de compter sur les syndicats. Certains ont déjà annoncé qu'ils appelleraient à la grève en fin de journée pour ne pas faire les heures supplémentaires. Mais les syndicats signataires des accords sont gênés aux entournures, et cela se sent, pour s'opposer à l'attitude de la direction. En supposant qu'ils en aient envie. La CGT qui n'est pas signataire, fait actuellement une campagne sur le thème " Réussir la Mégane 2 " et semble avoir d'autres chats à fouetter. Ce sont les travailleurs qui décideront de quoi demain sera fait. En tout cas, la colère est là. Il faudrait qu'elle s'exprime !