Depuis quelques semaines la direction, relayée par certains médias, fait courir des bruits alarmistes et fantastiques sur les retraites.

Des articles parus dans Le Point, Le Parisien expliquent que " dans la perspective d'une transformation d'EDF-GDF en société anonyme (...) les règles comptables européennes imposent que l'ensemble des dettes sociales soient provisionnées dans le bilan (...) Pour EDF, la facture à prendre en compte d'ici à 2025 serait de 41 milliards d'euros et de 8 milliards d'euros pour GDF. Des sommes colossales que ni les entreprises publiques ni l'État actionnaire n'ont envie de supporter. " (Le Parisien du 11 octobre).

Mais d'où sort ce chiffre extravagant de 41 milliards, volontairement choisi pour impressionner le lecteur ? Il représente le montant cumulé de ce que devrait payer EDF en un peu plus de vingt ans. Evidemment cela fait beaucoup, mais sur vingt ans c'est normal, et cela ne veut strictement rien dire.

Selon les comptes officiels et publics d'EDF, en 2001, le total de ce qu'EDF payait pour les retraites était de 1,959 milliard d'euros, soit 7 % du chiffre d'affaires d'EDF-France, et à peine 4,81 % du chiffre d'affaires du groupe France + International. Ces " sommes colossales " s'avèrent donc relativement limitées.

Mais il existe d'autres dépenses dont ces médias ne soufflent mot. Ainsi le compte financier d'EDF pour 2001 fait état du poste " intérêts sur dettes financières " pour un montant de 1,788 milliard d'euros - presque autant que les retraites - chiffre en augmentation de près de 500 millions d'euros sur l'année précédente. Il s'agit de ce que paye EDF aux banques et aux organismes financiers sur les sommes énormes. Près de deux milliards d'euros, mais on omet de s'indigner sur ce poste, et c'est le " fardeau des retraites " qui est présenté comme " colossal ".

Ce n'est pas tout, puisque, par ailleurs, EDF subventionne des patrons du secteur privé, qui se sont installés dans la " cogénération " ou les " énergies renouvelables " (éoliennes en particulier). Et rien que ça a coûté entre 900 millions et 1,1 milliard d'euros. La direction d'EDF s'en plaint mais, là encore, ceux qui mènent campagne pour la privatisation d'EDF n'en soufflent mot : pas un mot sur les sommes versées aux patrons privés, qui représentent la moitié du montant des retraites.

Dans le rapport EDF de 2001 on peut lire : " ... La masse des pensions devrait s'accroître significativement au cours des vingt-cinq années à venir. En euros constants, la charge annuelle devrait ainsi, pour l'ensemble du régime (EDF, GDF et entreprises non nationalisées), se situer autour de 3 milliards d'euros en 2010 et de 3,8 milliards en 2020 ". En clair, cela signifie qu'en 2010 le montant dû par EDF pour payer les retraites augmenterait, passant d'environ 2 à 3 milliards d'euros (en y incluant GDF et les 150 entreprises non nationalisées du secteur !). Où est le problème ? Cette augmentation, c'est ce que EDF verse actuellement aux patrons privés !

Contrairement à ce que prétendent certains médias, et la direction, il n'y a pas de problème des retraites à EDF et GDF. Il y a simplement que les directions ne veulent plus payer ce qu'elles doivent. Et si il y a du gaspillage, c'est en subventionnant le secteur privé et en dilapidant des milliards d'euros, en acquisitions à l'étranger, lesquelles ne font que générer des milliards d'intérêts à payer aux banques et autres organismes de crédit.