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- Lutte ouvrière n°1785
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Leur société
Décentralisation, mais pas plus de démocratie
Le projet de décentralisation qui arrive en discussion apporterait, nous explique-t-on, une amélioration pour les citoyens, parce qu'il introduirait plus de souplesse dans le fonctionnement des institutions, et qu'il contribuerait à un meilleur contact entre la population et leurs élus. Nobles ambitions, mais qui cachent des calculs moins séduisants.
La décentralisation que l'on nous propose a tout l'air d'être un moyen, pour l'État, de se défausser de certaines des tâches qui jusqu'alors lui incombaient, et des dépenses budgétaires qui en découlaient. D'ailleurs les notables locaux ont exprimé cette inquiétude, et les impôt locaux, déjà lourds, risquent de l'être encore plus à l'avenir. Le gouvernement promet d'assumer la charge financière liée à ce transfert de compétence. Mais qui peut sérieusement croire à ces engagements quand on sait le nombre d'ardoises laissées par les gouvernements successifs auprès d'organismes vis-à-vis desquels ils s'étaient engagés (la Sécu, entre autres).
Le service serait meilleur parce que mieux adapté aux besoins locaux ? Voire ! D'autant que la disparité entre régions riches, c'est-à-dire là où se trouve une proportion de gens plus aisés, et les régions pauvres, là ou l'on trouve une proportion plus grande de travailleurs, de chômeurs, de femmes et d'hommes à faibles revenus, risque de s'approfondir. Alors meilleur service, peut-être parfois, mais pour qui ?
Quant à la proximité plus grande entre les élus et leurs électeurs, elle se traduira sans doute par un pouvoir plus grand des notables locaux, cette coterie qui rassemble les élus, les milieux patronaux de la région ou de la ville, les juges, les préfets et autres rouages de l'administration. Mais cela ne donnera pas plus de possibilité à la population d'exercer ne serait-ce qu'un contrôle, sur les choix de ces élus, qui sont irrévocables jusqu'à la fin de leur mandat, et sur les patrons et les hauts fonctionnaires qui ne sont même pas tributaires de l'élection.
C'est donc un bluff de prétendre qu'on ira vers plus de participation des citoyens aux décisions qui les concernent.