Alimentation : Des baisses importantes de prix... pour les producteurs18/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1785.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans l'enseignement

Alimentation : Des baisses importantes de prix... pour les producteurs

Dans la région des Pays de la Loire, des agriculteurs ont, les 7 et 8 octobre, bloqué des centrales d'achat et de stockage de produits alimentaires appartenant à des grandes surfaces. Convoquées par la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) et les Jeunes Agriculteurs, ces manifestations entendaient protester contre l'augmentation des marges des supermarchés obtenues par une réduction du prix payé aux producteurs. La réponse des centres Leclerc a été de porter plainte, de demander une astreinte de 30 000 euros par jour et d'engager des vigiles avec des chiens pour déloger les manifestants pour le cas où ceux-ci auraient prolongé l'occupation des lieux.

Selon la secrétaire régionale de la FNSEA, en un an, les prix payés aux producteurs ont diminué de 25 % pour la volaille et de 5 % pour le lait. La baisse est de 20 % en deux ans pour la viande bovine. Dans tous les cas, les consommateurs ne voient pas la couleur de ces baisses. Il n'est donc pas bien sorcier de déduire que les marges des supermarchés ont grimpé en flèche.

Pour certains produits, il est vrai, de puissantes sociétés de l'agroalimentaire négocient avec les supermarchés, mais cela ne change pas grand-chose du point de vue des producteurs, car l'agroalimentaire répercute sur eux la pression commerciale.

Il y a le prix d'achat officiel, mais vient ensuite la ristourne exigée par la grande surface en contrepartie de l'achat de produits en quantité importante ou durant une saison entière. Si le producteur n'acceptait pas, il serait évincé. Suit éventuellement une deuxième ristourne s'il veut que son produit soit bien placé dans les magasins. Et il doit éventuellement fournir au supermarché quelques services : c'est parfois lui qui paye l'imprimeur pour des prospectus publicitaires et va jusqu'à rémunérer le travail des salariés pour que ses produits soient placés dans les rayons. Si l'on ajoute qu'ensuite les clients doivent faire eux-mêmes le travail de chercher les produits à travers les allées et payent les frais de voiture pour les rapporter à leur domicile parfois éloigné, tout est décidément pour le mieux du point de vue des grandes surfaces.

Une législation votée en partie par la droite, en partie par la gauche, est censée édicter quelques règles de bonne conduite aux grandes surfaces. Mais comme, pour ses auteurs, il n'était pas question d'écorner le profit des grandes familles et autres actionnaires qui les possèdent, on devine facilement son efficacité.

En fait, les seules lois qui s'imposent sont celles du marché capitaliste : les propriétaires des grandes surfaces flouent en toute légalité les agriculteurs et les consommateurs.

Parmi les agriculteurs, tous ne sont pas pauvres, il en est qui disposent d'un patrimoine substantiel à léguer à leurs enfants. Mais, périodiquement, même ceux-là n'ont le choix qu'entre vendre à un prix qui ne rémunère pas leur travail ou détruire leur production, ce qui constitue une absurdité sociale, tandis que du point de vue des consommateurs, les prix restent élevés. C'est le fonctionnement normal d'un système aberrant.

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