Projet de loi sur la sécurité intérieure : Des mesures anti-pauvres et antiouvrières11/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1784.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Projet de loi sur la sécurité intérieure : Des mesures anti-pauvres et antiouvrières

Le ministre de l'Intérieur, Sarkozy, a eu beau amender son projet de loi sur la sécurité intérieure, celui-ci continue de s'en prendre ouvertement aux plus pauvres pour plaire à la frange de l'électorat la plus réactionnaire, en particulier celui d'extrême droite !

Sarkozy a fait disparaître de son projet certaines des dispositions les plus contestées et controversées, comme l'amende de 2 000 euros pour les parents d'élèves absentéistes, tandis que la présence de l'avocat dès la première heure de garde à vue n'est plus remise en cause. Mais cette apparente concession ne change pas le fond, puisque tout le reste de l'arsenal répressif qu'il a concocté reste inchangé.

C'est bien une déclaration de guerre contre les pauvres, prenant pour cible les franges les plus démunies, les plus marginales de la société, donc les plus faibles : c'est-à-dire les prostituées, les mendiants, les sans-domicile-fixe, les gens du voyage, et bien sûr la jeunesse des quartiers populaires.

Le projet de loi crée de nouveaux délits passibles de fortes amendes et de lourdes peines de prison. Le délit de mendicité, par exemple, supprimé en 1994, est réintroduit dans la loi et peut valoir jusqu'à six mois d'emprisonnement et 7 500 euros d'amende ! Occuper illégalement un appartement vide est désormais passible de six mois de prison et 3 000 euros d'amende ! A quand le bagne pour avoir volé un quignon de pain, comme dans Les Misérables de Victor Hugo ? Dotée de pouvoirs accrus en matière de perquisition, de fouille de véhicules, de gardes à vue, de fichiers informatiques, la police devrait avoir désormais les coudées plus franches. Tandis que l'extrême droite applaudit des deux mains à la mise en application d'une partie de son programme, comme s'en est ouvertement félicitée Marine Le Pen, la fille du leader du Front National.

Ce projet de loi inique criminalise les plus faibles mais menace en fait toutes les couches populaires. Il contient nombre de mesures réactionnaires et antiouvrières qui limitent les droits et libertés publics. Mesures qui pourront, le cas échéant, être utilisées contre les militants associatifs, syndicaux ou politiques lors d'une grève ou d'une manifestation.

C'est donc avec cynisme que Sarkozy prétend que sa loi s'adresse, en premier lieu, " à ceux qui vivent dans les quartiers les plus défavorisés ". Le ministre de l'Intérieur n'est pas à un mensonge près. Il sait qu'il lui est plus facile de " lâcher " ses policiers pour chasser les mendiants, arrêter et expulser les prostituées étrangères, déloger les squatters, que de s'attaquer au grand banditisme qui a pignon sur rue ou de démanteler les réseaux mafieux qui prospèrent sur la misère humaine. Il sait qu'il lui est plus facile de faire de la démagogie en criminalisant les pauvres, pour flatter et tranquilliser l'électorat réactionnaire qui vote Le Pen, que de combattre réellement et efficacement le chômage. Chômage qui est la principale cause de la misère sur laquelle prospère la petite et la grande délinquance.

Mais ce gouvernement antiouvrier est bien incapable de s'en prendre au patronat, qui multiplie les plans de licenciements et qui est, par là, responsable de l'augmentation de la misère dans le pays. Il lui donne au contraire carte blanche, tout comme à sa police.

Au XIXe siècle, la bourgeoisie bien pensante tirait un trait d'égalité entre les classes laborieuses et les classes dangereuses. Elle réprimait avec d'autant plus de dureté les manifestations qu'elles émanaient du monde du travail. Il semble bien que Sarkozy ait l'intention de marcher dans les pas de ses prédécesseurs.

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