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Dans le monde
Non à la guerre contre l'Irak !
Lundi 7 octobre, le président des États-Unis Bush a réexpliqué ses intentions vis-à-vis de l'Irak. Tout en redonnant les raisons pour lesquelles, à ses yeux, le régime irakien constitue une menace, il a répondu à certaines des objections qui lui sont faites. Dans quelques jours, le Congrès américain doit voter une résolution sur l'Irak et il a donc cherché à rallier les hésitants en apportant quelques nuances à son discours va-t-en-guerre. De leur côté, les députés français étaient convoqués le mardi 8 octobre pour débattre après une intervention du Premier ministre, Raffarin, qui s'est dit prêt pour toutes les éventualités, c'est-à-dire y compris la guerre.
Pour l'intervention de Bush, la mise en scène avait été soignée. Il a pris la parole le jour de l'anniversaire du début des opérations militaires contre les talibans afghans. Et le lieu où il parlait était un musée de la ville de Cincinnati (Ohio) consacré à l'engagement des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Et Bush de rappeler toutes les raisons pour lesquelles, selon lui, l'Irak, pays réduit à la famine depuis plus de dix ans par l'effet de l'embargo occidental, menacerait rien moins que la paix du monde : l'éventuelle possession et production d'armes chimiques et biologiques, le refuge et le soutien que l'Irak accorderait au terrorisme, la possession de missiles balistiques constituant une menace pour l'Arabie Saoudite, Israël ou la Turquie, l'éventualité qu'il donne ses armes chimiques ou biologiques à un groupe terroriste dans le but d'attaquer les États-Unis.
Bush garde donc prêts tous les prétextes possibles pour intervenir contre le régime de Saddam Hussein, s'il le souhaite. Engagé dans une démonstration de force qui vise d'abord à mettre en conditions l'opinion américaine et notamment à lui faire oublier la crise économique et les scandales financiers, il a proclamé que les États-Unis sont prêts à " affronter toute menace, de n'importe quelle origine, qui pourrait infliger à l'Amérique une terreur ou une souffrance soudaines ". Bush a seulement concédé qu'" un conflit militaire pourrait être difficile ". A quelques jours du vote du Congrès, il souhaite obtenir un soutien aussi massif que possible, en même temps que celui des Nations unies. Evoquant la résolution qui doit venir au vote du Congrès américain, il a donc lancé : " Le vote de cette résolution ne signifie pas qu'une action militaire soit imminente ou inévitable ", tout en insistant que " par leur inaction, les États-Unis se résigneraient à un avenir de peur ".
Bush a besoin d'être approuvé le plus largement possible par le Congrès. Mais, une fois ce soutien obtenu, il aura les coudées libres pour décider de la suite. Autant dire que s'il décidait d'attaquer l'Irak, il ne serait pas arrêté par l'opposition démocrate ou de certains Républicains, qui d'ailleurs suivraient le mouvement, et encore moins par les pressions de chefs d'État, comme Blair ou Chirac, qui ont déjà dit, chacun à leur manière, qu'ils soutiendraient les États-Unis en cas d'intervention militaire, pour en tirer au moins des miettes comme ils en ont eu au Kosovo ou en Afghanistan.
Le Premier ministre, Raffarin, devant les députés français le 8 octobre, n'a pas dit le contraire. Après avoir mis en garde les États-Unis contre la tentation " simpliste " de recourir unilatéralement à la force contre l'Irak et de la " guerre du bien et du mal ", il a aussi admis que " l'Irak représente incontestablement une menace potentielle " pour le Moyen-Orient. Selon lui également, le régime irakien aurait trop souvent " défié " le conseil de sécurité des Nations unies. Comme Chirac, il est pour que les Nations unies cautionnent les différentes étapes d'une escalade de telle manière que " le recours à la force " constitue " un dernier recours, lorsque tout a été tenté ". Mais du coup, l'éventualité d'une participation française à d'éventuelles opérations est envisagée clairement : " La France est déterminée à assumer toutes ses responsabilités ".
Si Bush est en campagne depuis des mois pour une intervention contre l'Irak, c'est que les gouvernants américains ont compris depuis le 11 septembre tous les avantages de l'état de guerre. Il a resserré l'opinion autour de Bush et donné d'un président palot, élu par la grâce de la Cour suprême, l'image d'un homme énergique et décidé. En entretenant ce ton va-t-en-guerre, le camp Bush espère déjà que le parti républicain gagnera au moins la bataille... des élections du demi-mandat !
En même temps, bien sûr, les dirigeants américains ont besoin d'une démonstration de force à l'extérieur, en particulier au Moyen-Orient. Bush ne parle plus de déposer le régime irakien. Mais, en fait, l'état de guerre avec l'Irak, depuis plus de dix ans, n'a jamais cessé puisque les raids répétés des bombardiers anglais et américains se succèdent accompagnés d'un demi-embargo économique qui pèse lourd sur la population.
Bush a montré tout au long de cette crise que la principale puissance du monde n'hésite pas, y compris pour des raisons de basses manoeuvres politiciennes, à brandir la menace d'une escalade guerrière qui, si elle devenait effective, menacerait de mettre à feu et à sang l'ensemble du Moyen-Orient. Le principal fauteur de guerre de la planète n'est pas à Bagdad mais à Washington.
Jacques FONTENOY
Non à l'intervention en Irak !
Lutte Ouvrière appelle à la manifestation contre une intervention militaire en Irak.
Samedi 12 octobre, à 15 heure Place de la République à Paris