Moulinex un an après : À Saint-Lô (Manche)11/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1784.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Moulinex un an après : À Saint-Lô (Manche)

Il y a un an, la reprise de Moulinex par SEB se traduisait par 134 licenciements pour l'usine de Saint-Lô. Restaient alors 600 salariés : 300 à SEB et 300 à la CGME (Compagnie Générale des Moteurs Electriques), devenue filiale Moulinex deux ans auparavant. La CGME qui n'intéressait pas SEB était placée sous contrôle d'administrateurs, dans l'attente de repreneurs.

Où en est-on un an après ?

Côté CGME, des licenciements sont déjà annoncés. Un seul repreneur s'était fait connaître : un groupe d'une dizaine de cadres qui entendait conserver un seul des deux sites de la CGME, celui de Carpiquet près de Caen. Le site de Saint-Lô disparaîtrait et surtout les effectifs seraient revus à la baisse. Mercredi 18 septembre le tribunal de commerce de Nanterre a tranché. 193 salariés, un tiers de l'effectif total, sont licenciés (112 pour Saint-Lô) ! Cependant les deux sites sont maintenus avec quelques mutations. Le vendredi 20, les salariés étaient priés de rester chez eux dès lundi et d'attendre leur éventuelle lettre de licenciement.

Pour l'instant ce mauvais coup n'a pas entraîné de réactions. En fait, cela fait des mois que l'idée du départ est discutée. Beaucoup sont gagnés par l'écoeurement, comme ceux qui ont déjà connu des restructurations, la fermeture de l'usine de Granville il y a quatre ans par exemple, à qui on avait demandé des " efforts " pour venir à Saint-Lô et qui se voient remerciés aujourd'hui. " Vous aurez la même chose que les Moulinex ", se sont laissé dire les salariés de la CGME. Mais ceux-ci ont toutes les chances de ne pas voir la couleur du peu qu'avaient fini par arracher les Moulinex (prime, congés de conversion) puisque aucun protocole n'a même été signé !

Côté SEB, l'avenir s'annonce sombre. L'atelier de production jouxte celui de la CGME et c'est l'expectative qui domine. Il y a un an, c'est tous les Moulinex qui étaient dans la rue et ceux qui restent aujourd'hui se sentent bien seuls et surtout bien moins forts...

Des licenciés qui luttent contre l'isolement

Après les licenciements de l'an dernier, pour que personne ne reste isolé, des " ex-Moulinex " ont créé à Saint-Lô une association qui compte aujourd'hui plus de 90 adhérents. Les mardis et les jeudis, des dizaines de travailleurs peuvent se retrouver autour d'un café pour faire le point, raconter leurs difficultés dans leurs démarches de recherche d'emploi, trouver un conseil et surtout un réconfort. Car, sur les 134 licenciés sur Saint-Lô, seuls 8 ont trouvé un emploi en CDI ! Si on ne compte pas les 14 qui sont en formation qualifiante et les 45 qui bénéficient des mesures d'âge, ils sont 67 à être passés d'une mission d'intérim de quelques jours ou d'un contrat en CDD à... rien !

La rencontre avec les anciens camarades de travail, la solidarité sont d'autant plus appréciées et nécessaires que le découragement prend facilement le dessus. Beaucoup ont en tête le suicide de quatre licenciés Moulinex de Cormelles-le-Royal (Caen) et savent qu'ils n'ont rien à espérer de toutes les promesses qui leur ont été faites, que ces promesses viennent des autorités ou des patrons.

Dernière mesquinerie en date, en effet, le Conseil régional de Basse-Normandie avait annoncé qu'il verserait une aide à la création d'entreprise sous forme d'enveloppe à tout ex-Moulinex intéressé. Aujourd'hui, considérant qu'il a déjà beaucoup fait pour les licenciés Moulinex ( !), il vient de décider de transformer cette aide en " aide à l'emprunt " ! Et puis, côté patronal, il suffit de rappeler que SEB avait promis que l'emploi des 600 salariés de la CGME serait garanti pendant au moins deux ans...

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