Le goût amer de l'emploi vacataire11/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1784.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le goût amer de l'emploi vacataire

" Goûtez à l'enseignement... étudiants, aides-éducateurs, devenez vacataires ", proclame une affiche émanant de l'académie de Créteil, sur fond de couleurs vives et de visages stylisés et heureux. A en croire les initiateurs de cette propagande, le statut de vacataire serait " une excellente préparation pour le CAPES et le métier d'enseignant ", avec un service de " six heures de cours par semaine (200 dans l'année) " ! Bref, un petit job d'étudiant, plutôt bien payé (34,30 euros brut par heure), et qui permettrait de se faire une idée du métier en toute sérénité.

Les vacataires déjà en poste en apprécient toute l'ironie. Car la réalité est beaucoup moins enthousiasmante. D'abord, les personnes embauchées pour une vacation font rarement six heures de cours par semaine pendant un an, mais remplacent un enseignant à temps plein, soit 18 ou 20 heures. Dans ce cas, à la mi-novembre au plus tard s'ils ont été embauchés à la rentrée, ils n'ont plus qu'à plier bagage et attendre une autre vacation, qui ne vient pas toujours, pendant que les élèves voient se succéder les vacataires.

Ensuite, être lancé sans préparation ni formation dans des classes pas toujours faciles, en craignant de ne pas être réembauché, n'est pas vraiment une sinécure ni la condition idéale pour préparer tranquillement un concours. Cela aurait plutôt de quoi vous dégoûter à tout jamais de l'enseignement. Enfin, pour la plupart des vacataires, il ne s'agit pas du tout d'un salaire d'appoint, mais de leur seule source de revenus. S'ils acceptent ce statut, ce n'est pas par choix mais bien parce que l'Éducation nationale préfère de plus en plus avoir des enseignants en statut précaire, qui ne lui coûtent pas cher en formation et dont elle peut se débarrasser à tout moment.

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