Assassin sous Pétain, assassin sous De Gaulle : La continuité d'une carrière27/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1782.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Assassin sous Pétain, assassin sous De Gaulle : La continuité d'une carrière

Papon a commencé sa carrière dans les ministères sous Laval en 1931. Après la victoire du Front Populaire, à l'époque plutôt radical-socialiste, il fut chargé des relations avec le Sénat. Sous Pétain, il devint pétainiste et fut nommé sous-préfet à Bordeaux, entre autres chargé des affaires juives. Sans état d'âme, il signa, entre 1942 et 1944, l'ordre d'expédition à Drancy de 1 690 Juifs, ce qui les mena ensuite vers les camps d'extermination. A la Libération, il devint gaulliste et obtint sans problème des témoignages montrant qu'il avait été résistant.

En 1945, le même Papon fut responsable de l'Algérie au ministère de l'Intérieur, préfet de Constantine en Algérie en 1949. Après plusieurs fonctions dans les préfectures, il s'occupa de l'Est algérien sous Guy Mollet et De Gaulle en 1956-58. Puis, préfet de Police de Paris de 1958 à 1967, il commanda à ce titre les massacres d'Algériens à Paris lors de la manifestation d'octobre 1961, puis la répression de la manifestation de Charonne, pour se retrouver député de droite puis ministre du Budget de Giscard en 1978-81.

Tous les régimes qui se sont succédé depuis la Libération ont donc utilisé les services de cet homme !

Mais ce destin n'a rien d'exceptionnel.

La quasi-totalité de l'appareil d'État, magistrats, préfets, policiers, hauts fonctionnaires ont servi avec zèle Pétain. Dans l'immédiat après-guerre, s'il avait fallu écarter tous ceux qui avaient collaboré avec Pétain, il n'y aurait pratiquement eu plus aucun cadre de l'appareil d'État. Alors, pour quelques condamnations de dirigeants trop compromis, on a recyclé les Papon de tous calibres, dont les ministères, préfectures, tribunaux et casernes étaient remplis. Serviteurs de l'État, réactionnaires et antiouvriers, ils en assuraient la continuité.

Dans cette opération de blanchiment de tout l'appareil d'État français, la bourgeoisie a bénéficié du soutien du Parti Socialiste et du Parti Communiste, tous deux au gouvernement au lendemain de la guerre. Eux seuls avaient l'influence suffisante pour le faire accepter aux classes populaires et à leurs militants, pourtant les premières victimes de ces hommes et de cet appareil d'État pendant l'Occupation.

C'est ainsi que les Papon, Bousquet et tant d'autres ont pu continuer leur carrière dans la haute administration et le monde des affaires.

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