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Leur société
Travailleurs Français-immigrés : Mêmes combats, mêmes droits
Cela fait plusieurs semaines que les manifestations de sans-papiers se multiplient. Les initiatives centrales ont mobilisé un nombre croissant de ces travailleurs immigrés dont certains vivent et travaillent ici depuis plusieurs années et à qui on refuse les papiers nécessaires pour séjourner légalement en France. On estime à quelque 400 000 le nombre de ceux qui sont dans cette situation, et certains d'entre eux ont été privés de papiers légaux par suite des lois Pasqua-Debré, voire par suite de simples actes administratifs, après avoir fait leur vie en France depuis plusieurs dizaines d'années.
Une prochaine manifestation centrale, organisée à la fois par la Coordination nationale des sans-papiers, qui se présente depuis des années comme le porte-parole des immigrés sans papiers, et par divers collectifs de sans-papiers ainsi que par des organisations de défense des droits de l'homme (Ligue des droits de l'homme et MRAP) ou encore des associations de soutien et divers partis et organisations politiques, est prévue pour le 19 octobre. Mais en attendant, des initiatives sont prises par différents représentants des sans-papiers ou leurs soutiens.
C'est ainsi que, le vendredi 15 septembre, 400 sans-papiers ont manifesté de la gare Saint-Lazare à Paris jusqu'au ministère de l'Intérieur. Pour riposter contre le refus du ministère de recevoir une délégation, 150 sans-papiers ont envahi pendant quelques heures l'église Saint-Ambroise à Paris, pour demander un rendez-vous à Sarkozy. Pour le moment ils n'ont obtenu qu'un rendez-vous avec Lustiger, l'archevêque de Paris, pour trouver une église ou un local d'accueil. Par ailleurs divers rassemblements sont prévus dans différents départements.
Les sans-papiers en ont assez de vivre dans la clandestinité, menacés d'expulsion, contraints d'accepter du travail au noir à n'importe quel prix, de payer cher des logements sordides à des marchands de sommeil, pour peu que ceux-ci ne soient pas trop regardants sur les papiers. Ils sont de plus en plus nombreux à avoir choisi de se battre pour revendiquer la régularisation pour tous. Sachant qu'ils ne pouvaient pas plus compter sur un gouvernement de gauche que sur un gouvernement de droite.
Avant de revenir au gouvernement en 1997, le Parti Socialiste avait promis la régularisation des " sans-papiers ". Une fois au gouvernement, les partis de gauche, le Parti Socialiste mais aussi le Parti Communiste et les Verts, ont trahi cette promesse, comme ils en ont trahi bien d'autres. Et c'est à juste raison que les sans-papiers peuvent parler de lois Pasqua-Debré- Chevènement, tant il est vrai que ce dernier, tout en régularisant la situation de certains d'entre eux, a poussé les autres dans une détresse plus profonde encore. Et si, aujourd'hui, on reparle du sort qui est imposé aux sans-papiers, c'est uniquement parce que leur lutte attire l'attention de l'opinion publique sur les conditions inhumaines et inacceptables dans lesquelles on les fait vivre.
Les travailleurs, qu'ils soient citoyens français ou immigrés en situation régulière, doivent être solidaires du combat des sans- papiers. Ce n'est pas seulement une question de simple justice et d'humanité. C'est aussi l'intérêt de l'ensemble du monde du travail car les patrons se servent de l'extrême précarité de ces travailleurs pour les sous-payer et par là-même pour peser sur tous les autres salaires. Et il ne s'agit pas seulement de petits margoulins, ni de patrons de secteurs où le nombre de travailleurs immigrés sans papiers est important : restauration, confection, bâtiment ou hôtellerie. Mais combien de grandes entreprises qui prétendent respecter la légalité travaillent avec des sous-traitants, voire avec des sous-traitants de sous-traitants, sans aucun contrôle sur la main-d'oeuvre qu'ils emploient ? Et il ne s'agit pas seulement du nettoyage où cela se pratique de longue date mais, de plus en plus, de secteurs de maintenance ou de certaines parties de la production.
Lorsque le patronat, avec l'aide du gouvernement, parvient à aggraver la précarité d'une catégorie de travailleurs, c'est tout le monde du travail qui finit par en payer le prix. Aussi, il est de l'intérêt de l'ensemble des travailleurs d'exiger une mesure politique générale régularisant la situation de tous les sans-papiers. Comme il est de leur intérêt que tous ceux qui vivent et travaillent en France aient tous les droits syndicaux et tous les droits politiques, y compris celui de voter dans toutes les élections.
Ceux qui propagent des idées nationalistes à ce propos sont des ennemis du monde du travail car ils divisent les travailleurs, et par là-même ils les affaiblissent tous. Les capitaux qui se placent et se retirent, ruinant des entreprises, voire des villes ou des régions entières, sont de toutes les nationalités. Alors, ne nous laissons pas diviser entre travailleurs : régularisation de tous les sans-papiers !