"Plus et mieux communistes", ils en sont loin !20/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1781.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

"Plus et mieux communistes", ils en sont loin !

Plusieurs centaines de milliers de participants à la fête de L'Humanité, même si un certain nombre ne sont venus que pour le spectacle, ceux qui ont écouté les discours de Robert Hue et de Marie-George Buffet étaient largement quelques dizaines de milliers et cela montre que le PC, malgré son score désastreux à la présidentielle et malgré toute sa politique passée, n'est pas mort et que nombre d'énergies, nombre de militantes et de militants se dévouent pour le faire vivre.

D'ailleurs, rien que pour faire fonctionner l'énorme machine de cette fête, ce sont des milliers de volontaires qui ont préparé des nourritures, des banderoles, monté et décoré des stands et qui ont discuté avec ceux qui le voulaient bien.

Mais si ces nombreux militants montrent que le grand corps du PC n'est pas mort, ses dirigeants le sont politiquement.

Pas l'ombre d'une autocritique dans les discours de Robert Hue ou de Marie- George Buffet, pour dire ce qu'ils n'ont pas fait pendant cinq ans au gouvernement et ce qu'ils auraient dû y faire puisqu'ils étaient convaincus qu'il fallait y participer ! Ils auraient pu dire quelles étaient les lois qu'ils ont votées et qu'ils n'auraient pas dû voter et quelles étaient les lois pour lesquelles ils ne s'étaient pas battus.

Oui, ces dirigeants sont en fait politiquement morts car la voie qu'ils choisissent, et qui est d'ailleurs la leur depuis longtemps, c'est celle de l'association avec le Parti Socialiste pour gérer périodiquement au gouvernement les affaires et les intérêts de la bourgeoisie.

Oh, bien sûr, Marie-George Buffet a dit qu'il fallait " être plus et mieux communistes ", " retrouver des repères, des messages clairs ". Mais comment ? Et quels repères et messages ? Elle a dit qu'il fallait affirmer en toute autonomie " la validité et la force d'une visée communiste " et " construire une alternative à l'ordre capitaliste du monde ". Ce serait bien si le PC luttait effectivement pour construire une alternative, et laquelle, à l'ordre capitaliste. Mais ce qu'il a fait pendant cinq ans, et bien avant, c'est permettre au capitalisme de se maintenir. Que n'a-t-il donc pris la tête des luttes pendant ces cinq ans où les conditions de vie de la classe ouvrière ont empiré ?

Marie-George Buffet a parlé des lois scélérates visant à tripatouiller le suffrage universel. Mais cela fait longtemps que le suffrage universel est tripatouillé, avec le scrutin législatif qui réduit d'ailleurs la représentation du PC et l'oblige à passer des accords humiliants avec le PS. Le PC et le PS, que n'ont-ils utilisé leur majorité à l'Assemblée et leur passage au pouvoir pour modifier ce scrutin et le remplacer par un scrutin proportionnel ?

Aujourd'hui, ils protestent à juste titre contre les tripatouillages du suffrage universel par le gouvernement Chirac-Raffarin. Mais le passage des ministres communistes au pouvoir pendant cinq ans n'a pas mis fin aux lois électorales antidémocratiques ni à toutes les mesures antiouvrières.

En cinq ans, Robert Hue et Marie-George Buffet ont contribué à démoraliser la classe ouvrière, à réduire sa force, ses capacités de réaction. Et après avoir préparé la voie à un gouvernement de droite, ils retrouvent quelques formules du genre " les communistes vont s'engager de toutes leurs forces dans la résistance aux mesures gouvernementales ".

Même s'ils le voulaient vraiment, les dirigeants communistes ne le pourraient pas car il faudrait s'appuyer sur les luttes des travailleurs. Ce qui serait contraire à la volonté et aux intérêts de l'allié socialiste car, pour être admis à gérer de nouveau les affaires et les intérêts de la bourgeoisie, il est exclu de s'appuyer sur les travailleurs, il est exclu de se montrer " réellement communiste ".

Marie-George Buffet ose dire aujourd'hui qu'il y a " urgence à s'attaquer au mal-vivre dans les cités, aux conditions de travail, aux salaires dérisoires, aux retraites de misère, à la précarité et aux licenciements ". On croirait, à l'entendre, qu'elle n'a pas été cinq ans ministre.

Alors, si ces dirigeants rosissent leur langage, le rouge devrait pourtant leur monter au visage.

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