Fillon : Le ministre part en guerre contre les fonctionnaires20/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1781.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fillon : Le ministre part en guerre contre les fonctionnaires

A l'appel de la CGT, le 3 octobre prochain sera une journée de défense des services publics et de manifestations des salariés d'EDF-GDF, en particulier pour la défense de leur statut et de leur régime de retraite.

Cette journée aura lieu alors que la discussion sur le budget de l'État sera engagée depuis le 25 septembre, avec son volet concernant les entreprises de la fonction publique, la baisse de leurs effectifs, la remise en cause des 35 heures et la non-augmentation des salaires. De quoi, en effet, pour tous les salariés des entreprises publiques concernées, et pas seulement pour ceux d'EDF-GDF, manifester haut et fort leur mécontentement. Car les projets de Raffarin comme de Jean-Paul Delevoye, le ministre de la Fonction publique, sont très clairs.

Sous prétexte de déficit budgétaire et de croissance qui ne serait pas au rendez-vous, le gouvernement annonce de sévères restrictions. Non sur des dépenses complètement inutiles comme celles consacrées au ministère de la Défense, ses porte-avions, ses sous-marins nucléaires et ses préparatifs de va-t-en-guerre contre l'Irak par exemple. Mais sur le nombre de salariés des collectivités territoriales, des perceptions, de l'Education nationale, de tous les services publics. Plus largement, ceux d'EDF-GDF, des hôpitaux, de la SNCF sont également concernés, même si Raffarin et Delevoye n'ont pas, comme ils disent, " la mémoire courte " au point d'avoir oublié les grèves de décembre 1995 qui avaient contraint le gouvernement Juppé à retirer son projet d'attaque des retraites des travailleurs des services publics.

Dans une interview au quotidien économique pro-patronal Les Echos, Delevoye a précisé ce qu'il mijote.

L'emploi ? La réduction des effectifs est l'objectif affiché. " Avec les départs massifs de fonctionnaires en retraite, nous bénéficions d'une opportunité sans précédent pour engager une vraie remise à plat des missions de l'État ". En clair, il n'est pas question de remplacer tous ceux qui partent à la retraite. Le gouvernement va même essayer de " chasser les doublons ", selon l'expression méprisante du ministre, et donc de réduire encore plus les effectifs. Après ça, Delevoye conserve l'aplomb de parler d'un " meilleur service aux usagers ", inscrit comme l'une de ses priorités ! De toute façon, s'il manque du personnel, Delevoye croit avoir la solution : " On ne peut que constater que dans certains secteurs, l'application des 35 heures perturbe le bon fonctionnement du service public ". Donc, il veut un " assouplissement " des 35 heures et propose une annualisation des horaires de travail assortie d'" un système de rachat des heures supplémentaires en fin d'année ". Côté imagination pour faire travailler plus sans embaucher, les ministres ne sont décidément pas en reste.

Quant aux salaires, Delevoye considère que " le salaire n'est pas la seule motivation des fonctionnaires ", même s'il n'a pas craché, lui et ses semblables, sur l'augmentation de 70 % du salaire des ministres... Mais dans la gamme " faites ce que je dis et pas ce que je fais ", il explique aux salariés de l'Education nationale comme de l'ensemble des services publics qu'il faut être au-dessus de ces détails, qu'" ils ont déjà eu cette année une augmentation de 0,6 % " et qu'ils devront s'en contenter.

Avec dans les cartons de tels projets de " réforme de l'État ", ni Delevoye, ni Raffarin, ni les autres ne devront s'étonner si, mémoire courte ou pas, ils déclenchent contre eux une réaction des travailleurs aussi puissante que celle qui a fait reculer leurs prédécesseurs en 1995...

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