Etats-Unis : D'un bout à l'autre du pays, les mêmes inégalités sociales20/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1781.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-Unis : D'un bout à l'autre du pays, les mêmes inégalités sociales

Une enquête sur la pauvreté frappant les enfants de Californie, sur la côte Ouest des États-Unis, et un article du quotidien The New York Times sur l'état d'abandon dans lequel se trouve la ville autrefois prospère de Hartford, sur la côte Est de ce pays, viennent nous rappeler quelle réalité sociale existe derrière les chiffres ronflants sur les affaires des capitalistes du pays le plus riche du monde.

D' Ouest ...

Le Centre National sur la Pauvreté Enfantine, se servant de statistiques officielles, vient de publier une étude sur la pauvreté frappant les enfants de Californie. Cet État est le plus peuplé et le plus riche des États-Unis. En 2000, c'est-à-dire au moment même où les commentateurs bourgeois s'extasiaient sur la croissance américaine induite par les nouvelles technologies, 18,6 % des enfants californiens, soit 2,1 millions, étaient pauvres selon les critères officiels. Ce pourcentage est supérieur à celui concernant l'ensemble du pays, où l'on ne comptait, cette même année, que " 15,8 % d'enfants pauvres ". Aujourd'hui donc un petit Américain pauvre sur six vit en Californie, contre un sur dix il y a vingt ans.

Bien évidemment, la pauvreté qui touche les enfants de Californie touche aussi l'ensemble de la population. Pour cet État, la proportion des habitants vivant en dessous du seuil de pauvreté est passé de 9,1 % en 1969 à 12,9 % en 2000. Pour le pays tout entier, cette proportion est passée de 12,5 à 11 %.

À la fin des années 1990, l'économie qui prospérait était celle des possédants. Et elle prospérait sur des salaires de plus en plus à la traîne pour les millions de salariés - immigrants mais pas seulement immigrants - employés dans les services, la restauration, les champs des grands propriétaires et dans les usines californiennes...

...en Est

Le Connecticut, petit État situé sur la côte atlantique juste au nord de New York, est numéro un pour ce qui est du revenu moyen par habitant, mais dans sa capitale, Hartford, 30 % des habitants vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Cette ville, qui compte 120 000 habitants et son agglomération 850 000, était autrefois prospère. Mais elle a subi de plein fouet les conséquences du fonctionnement d'un système basé seulement sur le profit.

Selon l'article du New York Times, la ville était sous la coupe des magnats locaux de l'Assurance, l'activité qui occupait le plus de main-d'oeuvre dans la ville, magnats surnommés " Les évêques ". A la fin des années 1960, après les émeutes qui secouèrent Hartford comme beaucoup d'autres villes américaines, les magnats projetèrent de déplacer purement et simplement les populations noire et hispanique hors de la ville. Ce projet fut accueilli par des protestations unanimes et ne fut pas mis en oeuvre. Mais on a assisté, comme dans bien d'autres villes, à un mouvement des catégories sociales relativement aisées, constituées surtout de Blancs, quittant les centres-villes pour s'installer en banlieue. Résultat : alors que l'État du Connecticut est Blanc à 86 %, sa capitale est habitée par une majorité (66 %) de Noirs et d'Hispaniques. Cet écart est encore amplifié pour ce qui est de la population scolaire : 95 % des élèves de la ville sont des enfants de ces deux " minorités ".

Aux ravages de la ségrégation de l'habitat se sont ajoutées des coupes claires dans les effectifs des entreprises de la ville. Selon le journal new yorkais : " Entre 1980 et 1990, la ville a perdu plus d'un quart de ses emplois industriels. Dans les années 1990, le fondement du poids économique de Hartford, constitué par ses compagnies d'assurance, fut décimé quand 25 000 emplois qualifiés et bien payés furent supprimés ou transférés hors de la ville ".

Cette ville, qui n'a vu qu'une seule construction neuve depuis 13 ans, a comme seule perspective la création d'un centre de loisirs, dont la construction serait financée pour plus des deux tiers par l'État. Un peu de clinquant pour cacher la misère.

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