Charters européens pour les sans-papiers : Vers l'Europe des expulseurs20/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1781.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Charters européens pour les sans-papiers : Vers l'Europe des expulseurs

On n'arrête pas le progrès ! Les ministres des quinze pays de l'Union européenne, réunis à Copenhague, ont envisagé une nouvelle mesure contre des immigrés : des charters européens pour renvoyer ceux d'entre eux considérés comme " illégaux " ainsi que les demandeurs d'asile dont la requête a été repoussée. Par exemple en France, depuis 1997, 80 % des demandes de droit d'asile sont déboutées.

On connaissait déjà les méthodes instaurées par Pasqua en 1986 lorsqu'il était le ministre de l'Intérieur du gouvernement Chirac et qu'il ordonna notamment l'embarquement forcé de cent un Maliens dans un charter, sous les caméras de télévision. L'idée avait été relancée par Edith Cresson, Premier ministre de Mitterrand en 1991.

Cette fois l'Europe des quinze voudrait mettre en place des méthodes analogues pour refouler les pauvres qui ont réussi, au prix de mille périls, à trouver dans l'un des quinze pays un refuge bien précaire, en particulier les quelque cent mille Afghans qui se trouveraient actuellement sur le territoire de l'Europe des quinze.

Présent à Copenhague, le ministre français de l'Intérieur, Sarkozy, a fait mine de se démarquer, mais uniquement au niveau du langage : " Charter, je ne connais pas ce mot ", a-t-il déclaré, ajoutant : " Il ne s'agit pas de rapatrier des marchandises mais des gens, qu'il faut traiter avec dignité ". Sarkozy joue sur les mots, utilisant " rapatriement " à la place d'" expulsion " tout en affirmant crûment qu'" il faut pouvoir utiliser la force pour convaincre les gens de repartir volontairement ", et en laissant supposer que renvoyer des pauvres dans des pays où sévissent la misère et souvent la dictature peut avoir un quelconque rapport avec la dignité humaine !

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