Centre Pompidou-Paris : Harcèlement moral et licenciement abusif20/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1781.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Centre Pompidou-Paris : Harcèlement moral et licenciement abusif

Stéphanie, une des 35 salariés de la librairie Flammarion installée au rez-de-chaussée du Centre Pompidou à Paris, a été licenciée le 23 août pour avoir écrit " Allez les quiches " sur un papier peint qui tapisse un mur de la librairie.

Cette inscription, de 2 cm sur 4 cm, cachée par un meuble de présentation de livres et donc invisible des clients, a été apposée un jour de colère et de ras-le-bol en réponse à une note de service écrite par un adjoint du directeur qui disait : " Tu trouveras bien deux ou trois quiches pour ranger ". Ce cadre, formé à l'école des magasins Leclerc, a l'habitude de traiter le personnel féminin de " quiches ", de " gourdes ", de " grosses feignasses "... Le personnel masculin est, lui, gratifié d'appellations telles que " animaux parlants ", " goliot ".

Ces injures relèvent de l'abus de pouvoir et du harcèlement moral mais c'est la vendeuse qui est licenciée, en plein mois d'août, dispensée de faire son préavis car, dit la lettre de licenciement, il y aurait " dégradation d'une oeuvre d'artiste ". Rien que cela ! Alors qu'il s'agit d'un papier peint apposé provisoirement, alors que Stéphanie a effacé le graffiti avec du correcteur, alors que Flammarion n'a subi aucun préjudice et que l'affaire aurait plutôt dû se conclure par une action contre le cadre qui, lui, est toujours en vacances.

La librairie Flammarion a trouvé là un prétexte pour licencier une employée en contrat à durée indéterminé (CDI), dans un contexte de fermeture de plusieurs magasins et de suppressions d'emplois. Elle ne veut plus que des emplois précaires, des contrats à durée déterminée (CDD) et des intérimaires et essaie de revenir sur les acquis obtenus par la grève du personnel en mai 2001, une grève qui s'était terminée sur une augmentation de salaire de 150 euros et l'embauche de 10 CDD en CDI. Pour arriver à ses fins, elle pourrit la vie des employés. Résultat, deux démissions et deux licenciements en deux mois.

Les employés de la librairie ont manifesté leur solidarité avec Stéphanie par un débrayage, une pétition, un rassemblement devant le magasin auquel se sont joints des employés du Centre Pompidou, du musée, de la bibliothèque.

Flammarion pour l'instant n'est pas revenu sur sa décision. Quant au directeur du Centre Pompidou, qui accorde les concessions aux entreprises privées de plus en plus présentes dans le Centre, et de plus en plus choyées, il prétend ne pas être concerné, pas plus que son prédécesseur, Aillagon, maintenant ministre de la Culture. Interpellé, il n'a toujours pas daigné répondre.

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