Mercredi 11 septembre, les syndicats CGT et SUD d'Air France avaient appelé à faire grève et à manifester au siège de la compagnie, sur la plate-forme de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, à l'occasion d'un comité central d'entreprise qui y avait été convoqué par la direction et au cours duquel le PDG, Spinetta, devait préciser les modalités de la privatisation annoncée par Raffarin.

À Orly-Nord (ateliers et hangars de maintenance aérienne), ce jour-là, nous nous sommes donc rassemblés à 300 lors d'un débrayage. De l'avis général, ce n'est pas si mal pour un début, et nous étions unanimes à dénoncer cette privatisation ainsi que les attaques qui ne manqueront pas de redoubler contre nos salaires et nos emplois. Puis, une délégation partit rejoindre celles de grévistes d'autres secteurs de la compagnie qui se rendaient à Roissy.

Son siège social, la direction l'avait transformé en une sorte de bunker : ascenseurs et escaliers de secours bloqués, CRS à l'extérieur, " gorilles ", huissiers et membres de services de sécurité à l'intérieur. Mais cela ne nous a pas empêchés d'aller dire à Spinetta, et à deux doigts des moustaches, ce que nous pensions des projets du gouvernement et de la politique de la direction d'Air France. Et là, on vit le PDG s'enfuir lamentablement pour aller se réfugier dans ses appartements privés du siège social.

La grève du 11 septembre venait malheureusement juste après celle, de plusieurs jours, des pilotes, alors que, sur le fond, qu'ils soient navigants (pilotes, stewards et hôtesses) ou au sol (ouvriers, techniciens, agents commerciaux et autres), les salariés de la compagnie doivent affronter la même politique de la direction, avec les mêmes effets sur les salaires, les conditions de travail et les effectifs. Cette grève a surtout touché Orly-Nord (ateliers et hangars), Orly-Ouest (aérogare), les ateliers de Roissy et l'escale de Roissy-CDG (personnel Air France de l'aéroport) ainsi que Toulouse. Mais elle a aussi fait que, maintenant, dans plusieurs secteurs, les travailleurs disent que cela ne doit être qu'un début. Et, notamment, qu'il faut, le 3 octobre, lors de la grève nationale et de la manifestation parisienne contre les privatisations, que nous soyons le plus nombreux possible aux côtés des travailleurs d'EDF-GDF, des cheminots et des salariés de toutes les entreprises qui se trouvent sur la liste gouvernementale des privatisables.