L'harmonisation des Smic : Pas une hausse tout juste un rattrapage13/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1780.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'harmonisation des Smic : Pas une hausse tout juste un rattrapage

Pour alléger un peu plus encore les cotisations patronales, il fallait un prétexte. Martine Aubry mettait en avant le prétendu coût des 35 heures pour les entreprises. Fillon, lui, prétexte l'harmonisation des différents Smic d'ici 2005, " par le haut ". Mais le Smic le " plus haut " est de toute façon très bas. Et pour les salariés qui sont aux 35 heures, il s'agira tout au plus de combler, si promesse est tenue, le retard qu'a pris leur salaire sur le Smic officiel. On sera de toute façon loin des 11 % de progression du Smic le plus bas dont on nous parle aujourd'hui.

Actuellement, il existe six Smic différents. Cette complexité est le fruit de la loi Aubry de 1998. A l'époque, il aurait été simple de réduire le temps de travail en maintenant le salaire : il suffisait d'augmenter tous les taux horaires, dont celui du Smic, de 11 %. Voilà qui garantissait le maintien du pouvoir d'achat, les 35 heures payées 39. D'autant que la plupart des salariés ont continué à effectuer la même production qu'auparavant quand ils faisaient 39 heures (et avec la flexibilité accrue, souvent même davantage). Cette mesure n'aurait donc rien coûté au patronat. Mais le gouvernement de l'époque avait refusé de donner aux salariés cette garantie. Il avait simplement institué, pour les Smicards qui passaient aux 35 heures, une " garantie mensuelle de rémunération " équivalant au salaire précédent. Cette " GMR " était revalorisée chaque mois de juillet, mais moins que le Smic ! Ainsi, pour ménager les intérêts des patrons, chaque année depuis 1998, était créé un nouveau sous-Smic.

Actuellement, un Smicard qui vient de passer aux 35 heures touche officiellement 1154,3 euros brut (7 571,7 F). Mais le Smicard entré aux 35 heures avant juillet 1998 touche 1100,7 euros (7 220,12 F), soit 350 F de moins. Le gouvernement propose ainsi d'harmoniser d'ici 2005, en trois ans donc, ces différents Smic en les alignant, dit-il, sur le plus élevé. Pour les salariés passés aux 35 heures, cette harmonisation représenterait donc au mieux un rattrapage (sans récupérer le manque à gagner) mais en aucun cas une réelle augmentation de salaire.

Quant aux patrons, Fillon les rassure en affirmant que " neutraliser 1 % de hausse du salaire brut suppose d'exonérer 1,3 point supplémentaire de charges patronales. " Quand les patrons font semblant de s'inquiéter de ce projet du gouvernement, c'est, comme à chaque fois, du cinéma.

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