Total et ses pratiques coloniales en Birmanie06/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1779.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Total et ses pratiques coloniales en Birmanie

Deux ouvriers birmans viennent de porter plainte contre TotaFinaElf, qu'ils accusent de les avoir séquestrés et forcés à travailler sur le chantier de construction du gazoduc Yadanam, géré par la société française en Birmanie.

Cela fait plusieurs années que Total est accusé par les organisations humanitaires de pratiques barbares pour ce chantier. Ce projet a permis à un consortium d'extraire du gaz en mer, puis de le transporter sur 650 km jusqu'à une centrale électrique en Thaïlande. Total s'est chargé de la totalité du tronçon de quelque 400 km situé en Birmanie, pays dirigé par une junte militaire exerçant une dictature féroce. Selon la Fédération internationale des droits de l'homme et plusieurs autres organisations humanitaires, cela a notamment consisté en des déplacements forcés de populations : près de 30 000 personnes de plus de 50 villages ont été déplacées de force. Pour son recrutement et la construction du gazoduc, Total s'est appuyé sur les autorités du pays, intéressées à la réalisation du projet. L'armée s'est chargée du recrutement forcé de travailleurs birmans pour le portage, le défrichage et le nivellement du terrain, le concassage des cailloux (50 000 travailleurs pour cette seule tâche en 1996), la construction de la piste de service, etc. L'armée a fourni cette main-d'oeuvre corvéable à merci en obligeant chaque village, chaque quartier de village de la région à fournir un nombre déterminé de personnes pour une certaine durée de temps. Les forces armées birmanes, qui combattent dans la région une guérilla sporadique, font un usage courant de la torture, du passage à tabac, du viol, des confiscations de propriétés, extorsions de fonds, etc.

Les dénonciations n'y ont rien fait : Total a poursuivi ses affaires avec la sueur et le sang des travailleurs birmans, et l'appui de la dictature militaire, et nie aujourd'hui toutes ces exactions. Il faut souhaiter que, en portant l'affaire devant la justice en France, la plainte des deux ouvriers birmans aide à lever le voile sur les pratiques, dignes de l'époque coloniale, de la multinationale française.

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