Dans le Nord, la grille que le maire socialiste de Cuincy avait fait édifier début août entre un quartier pavillonnaire de sa commune et une rue de petites maisons HLM de Douai vient d'être abattue. Cette décision avait été prise à une réunion en sous-préfecture de Douai, le mardi 27 août. Il y avait là, en plus du sous-préfet, le maire de Douai (UMP), le maire de Cuincy (PS), et les représentants du comité de quartier des maisons HLM de Douai.

Les politiciens se sont réjouis " d'avoir résolu le problème ". Mais ce n'est pas grâce à eux que la grille a disparu. Ce sont les habitants de la rue des Cytises, la rue douaisienne, qui ont su l'imposer, comme ils ont su imposer leur présence à cette réunion. Ce sont eux qui, indignés par cette grille construite dans la nuit sans même qu'une concertation ait été tentée au préalable, ont décidé de se mobiliser.

Tous s'étaient sentis insultés par la grille " anti-quartier pauvre ", par la présence de vigiles avec des chiens " le temps que le béton sèche pour sécuriser la grille ". Il faut ajouter à cela le mépris du maire de Cuincy envers les habitants des maisons HLM, les accusations pour les rendre responsables du bruit, les insinuations à propos de drogue et de délinquance. Car voyez-vous, pour les esprits étroits, les plus pauvres sont forcément bruyants, délinquants et " incivils ".

Dès la construction de la grille, quelques habitants ont lancé une pétition pour exiger sa destruction. Celle-ci a recueilli 200 signatures en 2 jours, dont 50 venant d'habitants de Cuincy car les gens de Douai avaient pensé à aller voir aussi leurs amis de " l'autre côté de la grille ". Quand le maire de Cuincy a fait mine de proposer une porte qui serait ouverte seulement le jour, les habitants ont continué d'exiger la disparition pure et simple de la grille. Ce sont eux encore qui ont alerté la presse et donné à l'affaire une publicité que Bernard Wagon, le maire de Cuincy, aurait préféré éviter.

Les habitants ont donc gagné. Mais ils ne s'arrêteront pas là. Voici ce qu'a déclaré la représentante de leur comité : " Maintenant, il va falloir réparer les choses. On a essayé de nous dresser les uns contre les autres, mais nous sommes tous les mêmes. Des deux côtés de la grille, nous travaillons dans les mêmes usines et les mêmes bureaux, nos enfants vont dans les mêmes écoles. Nous allons essayer d'organiser une fête de tout le quartier en réunissant les gens des deux communes. "

Voilà comment les travailleurs donnent des leçons aux politiciens bourgeois. Mais ceux-ci sont-ils encore capables de les comprendre ?