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Israël : La politique terroriste de Sharon
Durant le week-end du 31 août et du 1er septembre, douze Palestiniens ont été tués en Cisjordanie par l'armée israélienne. Parmi les victimes, plusieurs enfants, dont certains en bas âge, ont été atteints par une roquette tirée d'hélicoptère. Cela porte à 2 475 le nombre de personnes tuées depuis le début de la seconde Intifada, dont 1830 Palestiniens et 602 Israéliens.
Mais la guerre, puisqu'il s'agit d'une véritable guerre, amène aussi bien d'autres souffrances pour les Palestiniens qui sont les premières victimes. Un récent reportage de la télévision israélienne montrait par exemple la vie de plusieurs milliers de Palestiniens qui ont un permis de travail en Israël. Ces " privilégiés " qui ont la chance de pouvoir travailler doivent attendre des heures aux points de passage. Ils arrivent la veille aux environs de 22 heures. A trois heures du matin ils passent une première porte et entrent dans un sas de sécurité. Là, ces hommes doivent montrer leurs jambes et leurs torses nus afin que les soldats puissent vérifier qu'ils ne sont pas armés. Ils pénètrent ensuite dans des travées bordées de barrières métalliques. Et ce n'est qu'une heure plus tard que les premiers arrivent en Israël pour commencer leur journée de travail.
Les écoliers palestiniens ne sont pas mieux lotis. Beaucoup d'entre eux doivent aussi se lever des heures avant l'ouverture de leur école qu'ils atteignent après avoir dû franchir plusieurs barrages de l'armée israélienne. Quant aux écoliers israéliens, leurs déplacements, plus rapides certes, doivent bien souvent se faire dans des bus blindés et sous escorte militaire.
Le ministre de la Défense, le travailliste Ben Eliezer, a nommé une commission d'enquête sur les causes de la mort des douze Palestiniens, soi-disant pour savoir si certaines auraient pu être évitées. C'est de la poudre aux yeux pour faire croire à un souci humanitaire de la part des militaires israéliens, et au passage des travaillistes, pourtant totalement complices de la politique de Sharon.
Si des hommes politiques, des militaires ou des religieux s'inquiètent du fait que le conflit engendre une " dérive morale aux antipodes du judaïsme ", bien peu vont jusqu'à condamner et encore moins s'opposer à la politique du gouvernement israélien à l'encontre des Palestiniens. Ceux qui le font, comme ces réservistes qui ont refusé de servir dans les Territoires occupés, ont été emprisonnés.
D'ailleurs, pour la plupart des militaires, il y a des limites à ne pas dépasser. Le chef de l'armée de l'air israélienne, le général Haloutz, a ainsi demandé que les militants en faveur de la paix soient déférés en justice. Il s'en est notamment pris au mouvement Gush Shalom (Bloc pour la paix), qui rassemble des preuves de crimes de guerre dont sont responsables des officiers israéliens. Une quinzaine d'entre eux ont reçu une lettre dans laquelle sont cités des actes qu'ils ont personnellement commis et qui pourraient, selon les dirigeants du Bloc pour la paix, les rendre passibles d'un jugement devant une cour internationale.
Haloutz, qui vient d'être visé par de telles accusations, a répliqué en demandant que soit " déférée devant un tribunal (cette) minorité négligeable (d'Israéliens), des gens qui ne sont pas même des marginaux, mais qui se situent hors des marges de l'État d'Israël ".
Si la contestation israélienne ne touche qu'une toute petite partie de la population, son existence prouve au moins que la caution apportée par le parti travailliste à la politique de Sharon n'a pas suffi à faire taire toute opposition à la guerre menée contre les Palestiniens. Pour faible qu'elle soit, la dénonciation des exactions terroristes de l'armée israélienne est une bonne chose, surtout si elle permet d'ouvrir la voie à ceux qui cherchent les moyens de se lier à la population palestinienne et sont prêts pour ce faire à s'opposer au gouvernement israélien et à son armée, ceux-là même qui ne peuvent apporter qu'un bâillon, des larmes et du sang.