Soudan : L'impérialisme américain veut la paix... et surtout le pétrole09/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1776.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Soudan : L'impérialisme américain veut la paix... et surtout le pétrole

Un " protocole d'accord " ouvrant la voix au règlement à la guerre civile, qui ensanglante le Soudan depuis près d'un demi-siècle, a été signé le 20 juillet dernier, entre la dictature soudanaise et les forces rebelles du sud du pays, dirigées par l'Armée de libération des peuples du Soudan. À l'origine de ce protocole, qui reconnaît le droit à l'autodétermination du Sud et la séparation de la religion et de l'État, il y a l'impérialisme américain qui s'intéresse moins au sort des peuples de la région qu'au pétrole que recèle le sous-sol du pays.

Situé en Afrique de l'Est, le Soudan est une entité artificielle créée à la fin du 19e siècle par l'impérialisme britannique pour servir de zone-tampon face à l'expansion française en Afrique. La guerre civile y éclata en 1955, un an avant l'indépendance du pays, lorsque le colonialisme britannique essaya d'imposer au Sud, majoritairement chrétien et animiste, des fonctionnaires musulmans venus du Nord.

Une guerre civile attisée par l'impérialisme

Mais si cette guerre a duré si longtemps c'est aussi parce qu'elle a été attisée par les rivalités et les intérêts des puissances impérialistes qui ont soutenu tour à tour les fractions rivales qui se disputaient le pouvoir.

Ainsi le coup d'État qui amena la dictature actuelle à Khartoum, avec l'appui des intégristes islamistes, à la fin des années 1980, reçut l'appui de la France, tandis que les États-Unis et la Grande-Bretagne apportaient leur aide militaire et financière aux guérillas du Sud par l'intermédiaire de l'Ouganda. Washington décréta que le Soudan était un État terroriste (la junte militaire avait un temps accueilli Ben Laden) et Clinton fit bombarder une usine de produits pharmaceutiques en 1998, en l'accusant sans la moindre preuve de fabriquer des armes chimiques.

Mais depuis, on a assisté à un dégel de la politique de l'impérialisme américain à l'égard du Soudan. Celui-ci n'est plus présenté comme un suppôt du terrorisme international, la junte devenant même " fréquentable " depuis qu'elle a mis sur la touche les organisations islamistes sur lesquelles elle s'appuyait. Qu'importe, au regard de l'impérialisme américain, que la junte continue à régner sur le pays par la terreur. D'autant plus qu'elle a donné des gages et a proposé ses services pour garantir la stabilité politique dans la Corne de l'Afrique.

Si Washington a changé de politique, ce n'est donc pas pour des raisons humanitaires mais pour des raisons politiques et économiques : l'attrait du profit que représente l'exploitation des réserves pétrolières soudanaises en est la raison essentielle.

L'impérialisme s'intéresse avant tout au pétrole

En effet, depuis 1999 le Soudan est devenu un pays exportateur de brut dont la production pourrait atteindre 500 000 barils par jour d'ici trois ans. Ses réserves sont estimées à plus de trois milliards de barils ! Ce qui rend le pays très attractif pour les grandes compagnies pétrolières américaines.

Moyennant un règlement politique du conflit (ce qui ne veut pas dire respectant les intérêts des populations) l'exploitation pétrolière du Soudan pourrait devenir rapidement très rentable et le partage des bénéfices se faire entre les compagnies pétrolières américaines, la junte de Karthoum et les chefs de la rébellion.

Telles sont donc les raisons qui ont conduit l'impérialisme américain à intervenir finalement dans la guerre civile soudanaise, et pour une fois pas pour l'attiser.

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